Artisans à l’œuvre : votre sésame pour explorer les coulisses du Québec gourmand
Bienvenue sur la face gourmande de la planète des Artisans à l’œuvre Orée des C
Eurêka ! Les amateurs du monde entier le savent pertinemment : « Québec + bières artisanales » est une équation aux portées révolutionnaires, surtout depuis une trentaine d’années. Comment expliquer le phénomène effervescent des microbrasseries du Québec, et surtout, par quel bout aborder ce patrimoine vivant qui déborde de savoir-faire et de créativité aux quatre coins de la province ? Telles sept tentations, voici sept bonnes raisons de partir à la rencontre de ces artisans passionnés dont les fûts conservent les meilleures créations brassicoles du Québec.
La bière au Québec, quelle saga ! Pour bien prendre la mesure du lien qui unit la Belle Province et le savoir-faire brassicole, il faut remonter l’horloge de plusieurs siècles. Car la bière au Québec, c’est une romance au long cours qui prend sa source aux balbutiements de la Nouvelle-France. Oui, les pionniers de cet immense territoire qui deviendra le Québec brassaient déjà dès le XVIIe siècle, dans la foulée de la fondation de la colonie par Samuel de Champlain. Officiellement, c’est un missionnaire jésuite, le frère Ambroise, qui fut le premier brasseur attesté au Canada, produisant sa bière à partir de 1646. Quant à la toute première brasserie commerciale du pays, inaugurée en 1688 dans le Vieux-Québec, on la doit au grand intendant Jean Talon, qui comptait sur la bière locale pour réduire la dépendance de ses ouailles au brandy d’importation. Même si elle fermera ses portes seulement cinq années plus tard, le succès de cette brasserie originelle sera fulgurant, au point que ses produits se voient exportés jusqu’aux Antilles. Le Québec brassicole était né, et avec lui toute une tradition d’enseignes qui allaient marquer l’histoire, à l’image de la première maison que John Molson fonda à Montréal en 1786 et qui, aujourd’hui est tout simplement la plus ancienne des brasseries toujours en activité sur le territoire nord-américain.
Du XVIIe siècle à nos jours, suivre l’épopée de la bière au Québec s’avère donc un angle particulièrement éclairant pour aborder l’histoire de la province, avec son lot d’épisodes glorieux ou plus sombres, telle l’époque de la prohibition à partir de 1919, la grande dépression de 1929 et, bien entendu, les deux conflits mondiaux. Autant de périodes qui ont frappé de plein fouet les brasseurs régionaux québécois, entraînant par la suite une grande vague de rachats des brasseries indépendantes et de concentration dans une industrie devenue hautement concurrentielle… l’âge d’or des grands groupes. Il faudra attendre les années 1980 pour voir le grand retour (ou plutôt la grande arrivée !) des microbrasseries au Québec, et avec elles l’authenticité, la créativité et la diversité des bières québécoises…
S’affirmant à partir de la fin des années 1980, l’essor des microbrasseries québécoises est assurément un phénomène parmi les plus importants et les plus réjouissants jamais observés sur la planète des produits artisanaux québécois. Non seulement la bière et sa fabrication dans les règles de l’art retrouvent leurs lettres de noblesse, mais c’est tout un nouvel univers de goûts et de couleurs qui entame alors son expansion. Les nouveaux maîtres brasseurs rêvent de produits distinctifs dans lesquels s’incarnent leur créativité et s’exprime leurs racines, leur terroir. Aussi, toutes les régions de la province, y compris les plus excentrées, voient fleurir des passionnés dans leurs communautés, et des microbrasseries sur leurs territoires. C’est pourquoi on peut littéralement faire le tour du Québec par ses bières artisanales. Mieux encore, loin de s’essouffler, la folie des bières de micros continue aujourd’hui à faire des émules.
En ce printemps 2023, selon les données de l’Association des microbrasseries du Québec, l’industrie brassicole québécoise totalise pas moins de 324 entreprises à travers toute la province, qu’elles relèvent d’un permis artisanal ou industriel – les deux sont d’ailleurs en progression constante depuis le début des années 2000. Notons également qu’environ un tiers de ces brasseurs sont implantés dans des villes de moins de 10 000 habitants ! La bière fait revivre les régions et chaque microbrasserie est un acteur d’autant plus important dans le tissu économique local qu’il met en mouvement toute une filière qui dépasse de loin le périmètre de ses fûts : fournisseurs de matières premières, producteurs de houblon, de céréales, micro-malteurs… Et ce n’est pas le regain d’intérêt pour les circuits courts et les produits locaux et de saison qui risque d’inverser la tendance !
La qualité, c’est l’autre grand atout des bières de microbrasseries, et l’obsession quotidienne de l’immense majorité des maîtres brasseurs du Québec. Qu’elles soient purement traditionnelles ou tournées vers l’innovation, leurs méthodes de fabrication sont toujours le fruit d’un travail de longue haleine, avec parfois des mois de recherches et d’expérimentations pour trouver le bon goût, le bon caractère, dans le style de bière visé. Passionnant en soi, ce savoir-faire brassicole est une excellente raison de pousser la porte des micros dans la mesure où ces dernières sont de plus en plus nombreuses à dévoiler au public les coulisses de leur site de production, à proposer des visites et des activités d’interprétation à l’image des microbrasseries membres du réseau Artisans à l’œuvre qui abritent en leur sein un Économusée®.
C’est aussi une occasion rêvée de se laisser surprendre à chaque coin de fût ! Car outre le savoir-brasser, l’imagination, la créativité, l’audace et l’ingéniosité sont les ressources les plus utiles pour faire la différence et produire des bières originales à partir d’ingrédients exclusifs. Fleurs, betterave, rhubarbe, goyave, argousier, citrouille épicée… il n’y a aucune limite ! La grande tendance reste toutefois la passion des maîtres brasseurs pour leur terroir local et la nature de leur région. Lors d’une dégustation à l’aveugle, les meilleurs connaisseurs peuvent pratiquement deviner au kilomètre près la provenance de telle bière artisanale mettant à l’honneur ici le bleuet, là des épices de la forêt boréale ou l’épinette, ici encore la salicorne, et pourquoi pas les algues ou le crabe des neiges ! Et comme le propre d’un produit artisanal est aussi d’exprimer la personnalité de celui ou celle qui le fabrique, vous n’êtes pas au bout de vos (bonnes) surprises avec les bières de micro du Québec !
C’est un fait, les bières artisanales font du bien à la planète ! En évoquant l’importance pour les microbrasseries du Québec des circuits courts, des matières premières de qualité, des produits terroir de plus en plus souvent bio et de saison, on pointe une première facette vertueuse des bières de micro. On peut le constater dès la lecture de la carte ou du tableau extralarge qui surplombe le bar : elles sont de plus en plus nombreuses à afficher la provenance de leurs ingrédients, à sourcer les produits, à citer les producteurs comme le font ces chefs engagés pour le développement durable et le locavorisme dans les restaurants gastronomiques.
De plus, par définition, les microbrasseries sont des affaires de taille modeste – souvent des entreprises individuelles, familiales ou réunissant quelques amis passionnés. À ce titre, elles incarnent une économie à visage humain et proclament volontiers leur fibre sociale, en plus de la dimension écologique, en prenant par exemple la forme de coopératives de solidarité. De manière plus générale mais tout aussi concrète, la microbrasserie, en tant que commerce de proximité, est un vecteur bien connu de lien social et culturel au cœur de son village, de sa région, de son quartier… Les milieux, les origines et les générations (à partir de 18 ans !) s’y côtoient et trinquent ensemble.
Logiquement, le consommateur a lui aussi à tirer des bières de micro des avantages qui surpassent le seul plaisir de déguster un produit de qualité. Quand bien même elle serait « de soif », telle une bière de style Lager qu’on sirote au cœur de l’été, la bière artisanale invite à prendre le temps de la dégustation et, ce faisant, à respecter le travail patient du brasseur. Elle a donc toute sa place dans l’esprit « slow food » qui gagne tellement de terrain de nos jours, privilégiant à juste titre la qualité à la quantité pour un plaisir plus responsable et plus durable. Bienvenue dans le cercle vertueux des microbrasseries du Québec !
À mesure que les microbrasseries se sont développées au Québec, elles ont aussi affiné leurs propositions plus… solides. Pousser la porte d’une micro québécoise aujourd’hui, c’est avoir l’assurance de boire bon et de bien manger. Là encore, vos hôtes rivalisent d’idées pour célébrer le terroir local et les créations de leurs amis et voisins producteurs. Tout en restant dans un style brasserie accessible à tous – mais toujours avec la touche québécoise, bien sûr ! –, les micros ne souffrent pas de la comparaison avec certains très bons restaurants. Au passage, les maîtres brasseurs ont également pris conscience qu’une bonne bière artisanale, pour être appréciée à sa juste valeur, mérite un accompagnement à la hauteur. Et la réciproque est tout aussi vraie !
Les accords mets-bières, c’est vraiment la tendance marquante de l’époque et c’est aux microbrasseries qu’on la doit. À la faveur d’un foisonnement d’arômes et de styles variés et de nouveaux mariages d’ingrédients et de saveurs, les bières artisanales ouvrent la voie à un phénomène comparable à celui des accords mets-vins. Cela se vérifie tout autant dans les microbrasseries, avec des menus qui s’étoffent pour coller au mieux à l’offre brassicole, qu’à la table d’un nombre grandissant de chefs québécois, qui n’hésitent plus à conseiller telle ou telle bière locale pour accompagner un plat gastronomique. Un terrain de jeux infini pour les épicuriens qui cherchent la symbiose entre le contenu du verre, celui de l’assiette et le paysage qui les entoure…
On devrait conseiller à tout voyageur découvrant la Belle Province de glisser la visite d’une microbrasserie dans le top 10 (voire 5 !) des expériences à ne pas manquer pour prendre le pouls de la destination. Les brasseries artisanales sont des hauts lieux de l’art de recevoir à la québécoise. À l’instar de la cabane à sucre qui sait si bien réchauffer le printemps, on y célèbre le plaisir de se rencontrer et de partager, on récolte un maximum de sourires et, pour ne rien gâcher, le charme opère au quotidien en toute saison !
La diversité des décors et des ambiances est d’ailleurs assez fascinante au Québec, de la micro urbaine post-industrielle ultrabranchée à celle qui joue à fond la carte du rustique et de l’authentique, habillée de bois du sol au plafond, en passant par les belles pierres d’une bâtisse historique… Concerts, lectures, théâtre, jeux de société, expos photos, art et artisanat, soirées ciné, fêtes endiablées : les microbrasseries sont des lieux de culture vivante ; il s’y passe toujours quelque chose. Certaines d’entre elles sont même devenues de véritables ambassades de leur coin de pays, des sortes d’offices de tourisme officieux où dénicher de bons conseils pour découvrir les environs, la région, la ville, le quartier. Enfin, passer par la case micro, c’est aussi la rencontre humaine avec votre hôte, un artisan qui, comme tout bon passionné, peut vite se montrer intarissable sur ses produits, son métier et son parcours bien souvent original. Le meilleur du Québec sur un plateau !
Un mode d’emploi pour s’initier à ce qui peut paraître comme une jungle houblonnée, tellement nombreuses sont les adresses où déguster et acheter les bières artisanales du Québec ? En dehors des microbrasseries elles-mêmes – rien ne vaut d’aller à la source ! — et des boutiques mettant à l’honneur leurs créations, il faut impérativement surveiller le calendrier. À l’image du festival Bières et Saveurs de Chambly (le plus important du genre dans la province) ou du Festibière de Québec (plus d’une centaine d’exposants), les événements et foires brassicoles se comptent par dizaines dans tout le Québec. Ces rendez-vous festifs et rassembleurs se tiennent majoritairement de mai à octobre.
Vous devriez également jeter un œil attentif aux cartes touristiques des régions québécoises et à cette carte des microbrasseries, car il existe plusieurs routes thématiques invitant à découvrir les microbrasseries d’une ou de plusieurs régions en mode road-trip. Ces routes des bières ne forment-elles pas le parfait prétexte à découvrir le Québec et ses attraits autrement, en ponctuant le voyage d’escales remplies de saveurs, de talent et de bonne humeur comme les micros québécoises en ont le secret ? La réponse est définitivement dans la question !
Plus d’informations : bieresdemicroduquebec.ca
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