Description
Nos excuses aux défenseurs les plus tatillons du bon usage de la langue de Molière. Malgré tout le soin apporté à sa confection, ce numéro de Québec Le Mag’ est truffé de répétitions. Vous y lirez le mot « magique » vingt-sept fois ; « féerique » pas moins de dix-huit. Quant aux « envoûtant », « grandiose », « fascinant » et « captivant », ils n’arrivent pas loin derrière les « fantastique » et autres « sensationnel »… Comme chaque année, une redoutable épidémie de bégaiement a touché toute la rédaction. Chez nous, cette pathologie est connue sous le terme de « superlativïte aiguë de l’hiver québécois ».
Ce n’est pas faute d’avoir cherché à lui trouver des défauts, en plus de ceux d’être long et froid. Nous l’avons bien étudié in situ et dans toute sa diversité. D’abord en arpentant ses différents royaumes, ses capitales et dépendances : à Montréal, à Québec, au Québec maritime, sur les sentiers de motoneige, les pistes de ski, en pleine nature, du côté des Premières Nations et même jusqu’au Nunavik. Nous avons aussi interrogé ses nombreuses facettes, des activités les plus « tradi » aux dernières tendances du fun hivernal en passant par la cuisine du temps des fêtes, les festivals, le Carnaval, sans négliger les alambics de ces microdistilleries qui fleurissent dans toute la province… En vain. Nous avons fini par nous faire une raison : le champ lexical du ravissement est bien trop étroit pour un phénomène tel que l’hiver québécois.
L’hiver ici ? C’est bel et bien un pays. Un pays dont la devise serait « Je me réjouis ». C’est la joie collective dans le combat contre le froid. Sans vouloir divulgâcher – spoiler en bon français de France – la conclusion de ce numéro 33, ce n’est qu’en employant les grands moyens que nous sommes finalement parvenus à vaincre le frette made in Québec. C’était en mars dernier et, moyennant cinq jours de train, nous avons pu constater qu’à Vancouver, de l’autre côté du pays, la tuque (le bonnet) n’était déjà plus de rigueur et la glace avait déserté les trottoirs. Hé bien, devinez quoi ! L’envoûtante féerie magique du magistral hiver québécois n’a pas mis deux heures à nous manquer. Vous voilà avertis.
David Lang