À Kahnawake, une immersion unique dans la mémoire vive des Mohawks

Le blog


Tout près de Montréal, sur la rive du sud du Saint-Laurent, Kahnawà:ke en langue iroquoienne (ou Kahnawake pour l'orthographe francisé), vous donne rendez-vous avec la plus importante communauté mohawk du Québec. Mêlant patrimoine historique, traditions ancestrales et culture autochtone bien vivante, le séjour au cœur de cette destination de la Montérégie s’avère riche en découvertes inédites et en rencontres marquantes…

Parmi les 11 Nations et 55 communautés du Québec, le peuple des Kanien’keha:ka de Kahnawà:ke forme, avec plus de 10 000 habitants, la deuxième communauté autochtone en importance de la province.

Kahnawà:ke, l’une des trois communautés québécoises de la Nation Mohawk, est situé à proximité immédiate de Montréal, dans le secteur de La Prairie, en Montérégie. Et pourtant, ces fiers représentants de la Nation Mohawk demeurent relativement méconnus du grand public et des voyageurs. À tort, car outre une accessibilité défiant toute concurrence depuis la métropole montréalaise – à peine 10 km de route ! –, la découverte de Kahnawà :ke et de ses attraits va de pair avec celle d’une culture bien particulière dans le paysage autochtone du Québec, du Canada et, plus largement, de l’Amérique du Nord. Pour la comprendre, on doit d’abord revenir sur les raisons historiques qui font des Mohawks une Nation si singulière qui a su préserver ses valeurs à travers le temps et malgré leur proximité avec des villes aussi importantes que New York et Montréal…

Pow Wow de la Nation Mohawk de Kahnawake - Credit Photo : Rahnienhawe McComber

Credit Photo : Rahnienhawe McComber

L’histoire forte des Kanien’keha:ka, les Mohawks du Québec

Bien trop souvent, on se contente de préjugés ou de caricatures concernant les peuples iroquois dont les Mohawks font partie, à savoir l’image de redoutables guerriers, fins stratèges et commerçants, excellents canoteurs et trappeurs, ennemis héréditaires des peuples algonquins et qui s’allièrent aux Anglais durant la colonisation. Leur histoire et leur culture sont bien plus riches et complexes que cela. Les Mohawks sont avant tout une des Nations iroquoises qui, avant l’arrivée des Européens, avaient pris part à la Confédération des Cinq-Nations. Couvrant un territoire allant du nord de l’actuel État de New York au Québec, où des communautés iroquoises étaient déjà installées en bordure du fleuve Saint-Laurent avant le XVIIIe siècle, ce regroupement de peuples iroquois de l’est de l’Amérique du Nord avait pour objectif d’instituer une paix durable et une prospérité basée sur le respect entre les peuples. Il établit à cette fin un système de gouvernance démocratique unique dans l’histoire, à la fois innovant et très élaboré. Cette Confédération, de même que la Grande Loi de la Paix, l’histoire de la Création – la légende de la femme qui tomba du ciel –, le concept de septième génération – qui vise à prendre en compte les générations futures dans toutes les décisions – ou encore le traité « Wampum à deux rangs » (ou « Two Row Wampum », un accord d’amitié conclu en 1616 entre les Iroquois et les Hollandais) font partie de ces marqueurs forts qui ont forgé l’identité mohawk bien avant la création même du Canada. La suite de l’histoire plongera les Mohawks, qui occupaient un territoire hautement stratégique pour la traite des fourrures, dans les remous de l’opposition entre les puissances coloniales européennes pour la possession de l’Amérique du Nord, que cela soit entre la France et l’Angleterre ou, plus tard, contre les États-Unis et leurs tentatives d’invasion du Bas-Canada britannique dans les années 1810. Après la naissance du Canada indépendant en 1867, la promulgation de la Loi sur les Indiens en 1876 allait mettre à mal tout l’univers des Premières Nations, leurs modes de vie, leurs cultures, leurs traditions héritées de millénaires de présence sur le continent… À Kahnawà:ke, ce sont les valeurs ancestrales de la Nation Mohawk qui guident désormais les Kanien’keha:ka dans la réappropriation de leur identité et sa transmission aux générations de demain. Aussi, vous visiterez une communauté qui, par excellence, « se souvient », comme en témoigne le riche patrimoine à découvrir à Kahnawà:ke.

Découverte du riche patrimoine de la communauté Mohawk de Kahnawà :ke, près de Montréal

À Kahnawà :ke, le patrimoine autochtone parle au fil des rues

Des rendez-vous avec l’histoire de son peuple, Kahnawà:ke en offre d’abord au gré des nombreux monuments et sites patrimoniaux ornant la communauté. S’ils peuvent bien sûr être découverts en autonomie, on vous recommande vivement les tours guidés proposés en anglais et en français par Tourisme Kahnawà:ke afin d’explorer les principaux attraits avec l’éclairage d’un guide local. Devant le Mémorial du pont de Québec, on vous racontera par exemple le drame de l’effondrement de ce pont survenu en 1907 qui coûta la vie à 33 ferronniers de Kahnawake qui y travaillaient, une immense perte pour la communauté. Objet de fierté et de mémoire, l’engagement militaire des membres de Kahnawà:ke est lui aussi honoré. Un monument rappelle la guerre de 1812 pendant laquelle les guerriers mohawks se sont particulièrement illustrés aux côtés des soldats britanniques et de la milice canadienne. De son côté, un cénotaphe rend hommage aux Kahnawakeró:non ayant donné leur vie pendant les deux conflits mondiaux et la guerre de Corée. Ce monument fait face à la Mission Saint-François-Xavier – Sanctuaire de Sainte Kateri Tekakwitha, du nom d’une jeune femme mohawk béatifiée par Jean-Paul II en 1980 et canonisée en 2012 par le pape Benoit XVI. Sur place, un centre d’interprétation vous apprendra tout de l’histoire de la mission remontant au XVIIe siècle et de celle qui était surnommée « le lys des Mohawks », convertie au christianisme et décédée en 1680 à l’âge de 24 ans. Sa visite, avec celle de l’église et du musée, est également proposée en tour guidé par Tourisme Kahnawà:ke : il suffit de la réserver au centre d’accueil.

L'église catholique de la communauté Mohawk de Kahnawake

Conserver et faire vibrer la culture des Mohawks toute l’année

Une autre visite incontournable pour appréhender le patrimoine culturel de la communauté est celle du Centre linguistique et culturel Kanien’kehaka Onkwawenna Raotitiohkwa. Depuis 1978, il livre un regard détaillé sur l’histoire de Kahnawà:ke par le biais de son exposition permanente, mais aussi sur l’art et l’artisanat autochtones tels qu’ils s’expriment ici et dans d’autres communautés.

À noter qu’un tout nouveau centre dédié à la culture et aux arts devrait d’ailleurs voir le jour à Kahnawà:ke d’ici 2024. La communauté est en effet très active pour mettre en valeur et célébrer sa culture et ses traditions.

Le calendrier des événements ponctuant l’année à Kahnawà:ke en fait foi : chaque saison et pratiquement chaque mois est l’occasion de célébrer la culture et la gastronomie mohawk.

En mars, le Maple Food Fest met à l’honneur l’érable et les créations culinaires autour de l’érable dans toute la communauté – rappelons que le sirop d’érable est un legs autochtone !

Juillet est le mois du très attendu pow-wow de Kahnawà:ke, sous l’intitulé « Échos d’une fière Nation ». Coloré, festif, ouvert à tous, cet événement rassembleur est également un temps sacré dans le monde autochtone. Autour des compétitions de danse en habit traditionnel et au son des tambours, des démonstrations de musique et de cuisine, le pow-wow réunit sur l’île Tekakwitha, tout près du pont Mercier, les représentants de différentes Nations qui rivalisent de dextérité ainsi que pas moins de 75 stands d’artisanat autochtone.
En 2023, le pow-wow de Kahnawà:ke se tient les 8 et 9 juillet.

C’est en juillet aussi que Kahnawà:ke fait sa fête à un certain petit fruit, la fraise, durant un Strawberry Festival rempli de couleurs et de saveurs.

Le maïs, très important dans la tradition autochtone, prend le relai en septembre à l’occasion du Corn Fest, un autre événement familial ponctué notamment d’ateliers d’artisanat et de jeux pour les enfants.

Vient ensuite le Harvest Festival, en octobre, en pleine période des récoltes d’automne, pour célébrer les produits et les savoir-faire locaux qui font la richesse culinaire iroquoise…

Autant de rendez-vous qui témoignent de la vitalité de la culture et de l’art de vivre des Mohawks de Kahnawà:ke, comme de leur lien fort aux saisons.

Rencontre avec la communauté Mohawk de Kahnawà :ke, près de Montréal

Vivre un séjour de dépaysement autochtone à 15 minutes de Montréal !

Envie de prolonger l’immersion chez les Mohawks de Kahnawà:ke ? L’office de tourisme et son centre d’accueil vous donneront toutes les informations pour préparer votre séjour, de la carte touristique jusqu’à la réservation de vos visites guidées et de vos hébergements. Si les Mohawks parlent majoritairement l’anglais et la langue mohawk, le français est de plus en plus pratiqué par les jeunes et la plupart des visites et des tours guidés sont offerts dans les deux langues. Mais surtout, Kahnawà:ke regorge de découvertes à faire, d’activités – comme le golf, avec pas moins de cinq terrains sur le territoire de la communauté – et de bonnes adresses où dénicher des souvenirs, rencontrer les membres de la communauté et prendre du bon temps. Galeries, boutiques et ateliers d’artistes et d’artisans, restaurants, marina, hébergements en mode couette & café ou hôtel… Kahnawà:ke compte plus de 250 commerces. Il est aussi possible de personnaliser votre expérience en réservant, toujours auprès du Centre d’accueil, des activités telles que des ateliers d’artisanat autochtone, des démonstrations de danse traditionnelle ou encore de crosse, ce sport autochtone aussi ancestral qu’incontournable dans le quotidien des habitants. Dépaysement et enrichissement culturel garantis à un quart d’heure de Montréal, auprès de la fière Nation Mohawk.

Démonstration d'artisanat Mohawk à Kahnawà:ke
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David Lang

Journaliste spécialisé voyage et art de vivre, David se régale avec le Québec depuis plus de 15 ans. Après plus de 40 voyages à travers les régions et les saisons de la Belle Province, il devance largement Jacques Cartier et s’avoue toujours aussi bluffé par les expériences et les rencontres à vivre sur ce territoire hors nome. David le rédac’ chef anime une équipe de rédacteurs et de photographes avec qui il partage sa soif de découvertes chez les cousins.


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