Planifier un voyage 100 % écotourisme au Québec, mode d’emploi
Mettre les valeurs et les pratiques écoresponsables au cœur de son voyage au Québec n’est plus une affaire de doux rêveur ou de militant écolo. Aujourd’hui, chacun a la possibilité d’adopter une façon plus vertueuse et durable de voyager, de se déplacer, d’expérimenter des activités, de se nourrir, de se cultiver, de visiter, rencontrer, échanger, magasiner, dormir…
Voici quelques conseils et ressources pour se mettre à la page de l’écoresponsabilité au moment de préparer son voyage au Québec.
La transition vers un tourisme durable au Québec s’accélère. De nouvelles initiatives et entreprises viennent chaque saison renforcer l’offre écotouristique aux quatre coins province, sans oublier les labels et autres certifications qui vous aideront à construire un voyage durable au Québec. En ville comme au cœur des grands espaces sauvages, pour un voyage d’aventure, une parenthèse en nature, une virée culturelle, un road trip familial, on peut tous, on doit tous voyager mieux !
Pour commencer, où en est le tourisme durable au Québec ?
L’éco tourisme au Québec est en pleine ébullition ! L’offre d’activités, de destinations et d’hébergements écotouristiques s’amplifie et se structure rapidement au Québec, ce que l’on peut constater au sein de toutes les régions touristiques de la province, aussi bien en milieu urbain, dans les zones rurales, les grands espaces sauvages ou encore au cœur des communautés autochtones. Il y a d’une part de plus en plus d’entreprises engagées dans le développement durable, à l’image des organisations attestées « Écotourisme » par l’organisme Aventure Écotourisme Québec dont le nombre dépasse les 200 aujourd’hui. D’autre part, les associations et les autorités se mobilisent pour accélérer le mouvement et créer des synergies afin de favoriser la transition verte du secteur du tourisme. Récemment, en septembre 2023, l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, qui représente plus de 10 000 entreprises et 50 associations touristiques régionales, a annoncé un nouveau partenariat avec l’organisme indépendant Tourisme durable Québec (TDQ). L’objectif affiché est de « faire du Québec un chef de file en matière de développement touristique durable » à l’échelle du Canada comme à l’international. Sandra Gauthier, la présidente de Tourisme Durable Québec, déclarait à cette occasion : « L’été a su nous rappeler que les changements climatiques sont une réalité et que notre industrie n’a plus d’autre choix que de réfléchir et d’agir pour enclencher la transition et transformer le secteur touristique. Tourisme durable Québec veille à permettre à l’industrie d’entreprendre cette transition de façon proactive, efficace et concertée. Les retombées doivent être réelles et mesurées. Le partenariat avec l’Alliance permettra à Tourisme Durable Québec de mobiliser davantage d’acteurs, d’accélérer la mise en place d’actions concrètes, d’accroître la résilience et d’atteindre des cibles que nous nous sommes données ».
Terre de défis et d’innovations depuis le début de son histoire, ce Québec en voie « d’écoresponsabilisation » pourrait bien vous surprendre. Les initiatives avant-gardistes se multiplient, à l’image du premier hydravion léger électrique au monde qu’est en train de mettre au point par la petite compagnie aérienne Québec Aéronature, ou encore du « galop d’essai » cet été 2023 du Coradia iLint, le tout premier train de passagers à hydrogène vert en Amérique, qui a circulé entre Québec et Baie-Saint-Paul, sur le magnifique tracé panoramique du Train de Charlevoix.
Où trouver les meilleures informations pour voyager mieux au Québec ?
Entre les transports, l’hébergement, les sites naturels, les attraits culturels, les événements, les expériences de plein air ou encore le tourisme autochtone au Québec, le secteur touristique couvre une grande variété d’activités et d’acteurs, et il n’existe pas encore de portail unique permettant de construire un voyage écoresponsable de bout en bout. Notre premier conseil est de « surfer local » en suivant régulièrement la rubrique Voyager mieux de Québec Le Mag’, puisqu’elle se donne précisément comme mission de mettre en valeur les initiatives durables et responsables dans le monde du voyage au Québec. Et de vous présenter les nouveautés qui ne manqueront pas d’enrichir le tourisme québécois dans les prochains mois et les prochaines années.
Il faut également citer les principaux fers de lance du changement écoresponsable au Québec. En matière d’activités de plein air et de tourisme d’aventure, le réseau Québec Aventure Plein Air est tout simplement incontournable. Il regroupe l’association des parcs régionaux du Québec, les entreprises et organisations de plein air ou d’hébergement en nature accréditées Qualité-Sécurité et Écotourisme par Aventure Écotourisme Québec, dont de nombreux membres sont également engagés dans le Fonds plein air 1 % pour la planète. À l’heure de programmer et réserver les activités de plein air qui ponctueront votre voyage au Québec, par exemple pour aller observer les baleines à Tadoussac, faire une randonnée dans un parc régional ou s’offrir une excursion en kayak de mer, le répertoire des membres de Québec Aventure Plein Air est une mine de bonnes pistes. Vous y trouverez même des solutions pour voyager en nature sans voiture, à l’image du service développé par la compagnie Navette Nature, qui se propose de vous emmener dans les parcs nationaux et régionaux de la Belle Province à partir de Montréal et de Québec. Pour en savoir plus, on vous renvoie vers notre article 5 bonnes raisons de choisir Québec Aventure Plein Air pour jouer dehors.
De son côté, le répertoire des membres Tourisme durable Québec peut aussi s’avérer utile quand on prépare son voyage au Québec. Il regroupe plus de 150 entreprises, associations et organisations variées classées par secteurs d’activités (hébergement, restauration, attraits et activités, mobilité et transport, événements…) et par régions touristiques. De plus, Tourisme Durable Québec a récemment mis en place, en collaboration avec l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, un lexique du tourisme durable. Bien pratique pour s’informer et utiliser un langage commun, cet outil s’adresse aussi bien aux acteurs de l’industrie qu’au grand public.
Enfin, n’oubliez pas ces destinations qui, depuis longtemps, protègent et mettent en valeur la grande nature du Québec. On veut bien sûr parler des parcs nationaux et des réserves fauniques du Québec gérés par la Sépaq (Société des établissements de plein air du Québec) et par Parcs Canada, ce qui inclut aussi un grand nombre de lieux historiques nationaux. C’est d’ailleurs l’occasion de rappeler que le patrimoine historique et culturel du Québec est lui aussi concerné par la question du développement durable et la manière de mieux voyager. L’Organisation mondiale du tourisme stipule que « pour être durable, le tourisme doit respecter l’authenticité culturelle des communautés et permettre de préserver leur patrimoine ». C’est pourquoi, en vue de préparer de votre voyage écoresponsable au Québec, on vous invitera à ajouter bien d’autres favoris à votre navigateur, à l’image de la Société des musées du Québec ou encore du réseau Artisans à l’œuvre qui vous permettra de visiter des Économusées® et de découvrir des savoir-faire à travers toute la province. Sans oublier les véritables pionniers du développement durable au Québec, ces Premières Nations qui peuvent se targuer de plusieurs millénaires de traditions et de valeurs au contact de la nature. On ajoute donc aussi Tourisme Autochtone Québec à son carnet de route, pour consulter les expériences proposées par les 11 Nations et 55 communautés autochtones du Québec !
Et côté hébergements, comment être sûr de dormir responsable et durable au Québec ?
Le secteur de l’hôtellerie au Québec s’inscrit dans la même tendance générale : un nombre croissant d’établissements d’hébergement touristique adhère aux principes du développement durable. Pour autant, il reste compliqué de savoir si un lieu d’hébergement se proclamant vert l’est vraiment et à quel point ; cela suppose de vérifier au cas par cas les normes et autres labels d’écoresponsabilité obtenus par l’adresse en question. En dehors des ressources citées précédemment, deux principaux programmes de certification écoresponsable au Québec sont reconnus et promus par l’Association des hôteliers du Québec et l’Association des hôtels du Canada. Il s’agit de RéserVert et de Clé verte (Greenkey Global). Ce dernier est le premier label de tourisme durable pour les hébergements touristiques et les restaurants. Ses critères impliquent le respect de la nature et des personnes, entre autres par la maîtrise des consommations d’eau et d’énergie, la gestion des déchets ou encore la protection et la valorisation des acteurs et des attraits naturels du territoire. À titre d’exemple, Le Baluchon Éco-Villégiature situé en Maurice, l’un des pionniers de la villégiature écoresponsable au Québec, est certifié Clé verte.
De leur côté, Les Pages Vertes répertorient un grand nombre d’entreprises et d’organisations dans différents secteurs d’activité, dont une cinquantaine de lieux d’hébergement touristique, avec la particularité d’octroyer une cote écoresponsable à chacun – la fourchette comprise entre 80 % et 100 % étant synonyme d’excellence écoresponsable. On y retrouve aussi bien des hébergements d’expérience en nature comme ceux proposés par certains parcs régionaux, que des campings, des pourvoiries, des centres de vacances ou des hôtels urbains.
Il faut également citer l’un des labels de développement durable parmi les plus avancés au monde en termes de critères de durabilité, de respect de l’environnement, d’engagement social et de développement local : la certification Biosphere ou Biosphere Certified. Seuls deux établissements peuvent s’en prévaloir à l’est du Canada, deux hôtels urbains situés au Québec qui prouvent au quotidien que l’on peut marier responsabilité écologique, design et grand confort : l’Intercontinental Montréal à Montréal et l’Hôtel Nomad dans le Vieux-Québec.
Ces différentes ressources pourront s’avérer complémentaires au moment de rechercher l’hébergement vert de vos rêves, sans oublier, encore une fois, l’offre de prêt-à-camper développée par les parcs nationaux du Québec, qui sont de longue date des modèles du genre pour dormir dans les bras de Dame Nature sans la déranger. Notez d’ailleurs que le glamping fait fureur au Québec, avec de plus en plus d’hébergements dits insolites ou inusités qui sortent de terre (ou poussent sur les arbres) dans toutes les régions de la province (yourtes, tipis, cabanes perchées, tiny-houses, dômes, sphères panoramiques, éco-cabines…). On vous recommande de consulter les rubriques ad hoc de Bonjour Québec (le site officiel du tourisme au Québec) et celles des sites des associations touristiques régionales pour dénicher la perle écoresponsable la plus originale sur votre lieu de vacances au Québec. À titre d’illustration, une belle vingtaine d’hébergements insolites vous attendent dans les régions du Québec maritime (Bas-Saint-Laurent, Gaspésie, Côte-Nord et Îles de la Madeleine), dont un de nos chouchous, Canopée Lit, situé à Sacré-Cœur au bord du fjord du Saguenay, avec ses cabanes et bulles perchées qui vous accueillent été comme hiver.
À propos d’hiver, le froid est-il un frein à l’écotourisme au Québec ?
Si, quand on pense hiver au Québec, on pense seulement chauffage à outrance et raids en motoneige, alors effectivement, le bilan carbone de votre voyage hivernal au Québec laissera fatalement à désirer. En réalité, on peut tout à fait profiter de l’hiver québécois en mode responsable. La plupart des lieux de villégiature engagés pour le développement durable évoqués plus haut, y compris les hébergements insolites, sont en opération tout au long de l’année, de même que les pourvoiries qui sont nombreuses à proposer des séjours en chalet rustique dont l’impact sur la nature est maîtrisé. Côté aventures sur la neige et la glace, l’hiver québécois offre un éventail incomparable d’expériences écotouristiques et d’activités douces, dont plusieurs grands classiques comme la randonnée nordique, la raquette, le ski de fond, le patin à glace, le traîneau à chiens, l’escalade de glace, la via ferrata hivernale, la pêche blanche… L’écrasante majorité des parcs nationaux et régionaux demeurent par ailleurs ouverts en hiver. Des activités de plein air parfois originales vous y attendent, à l’image du fatbike, de la trottinette des neiges ou du graphineige, qui consiste à dessiner, raquettes aux pieds, de grands motifs sur la neige, que l’on peut expérimenter au parc national de la Mauricie par exemple. De manière générale, retenez qu’il n’y a pas de saison pour appliquer les sept principes Sans trace au Québec et jouer dehors toute l’année tout en prenant soin de l’environnement.
Et dans l’assiette ? Peut-on facilement manger écoresponsable au Québec ?
Il est de plus en plus facile de manger et de boire responsable et durable au Québec, que ce soit à la table des restaurants ou en remplissant son panier sur les marchés publics, dans les épiceries et boutiques spécialisées ou directement auprès des artisans du terroir. Routes touristiques gourmandes à l’image de la Route des Vins dans les Cantons-de-l’Est ou du Chemin du Terroir dans les Laurentides, activités d’autocueillette chez les producteurs, séjours à la ferme et paniers bio, Économusées spécialisés dans les savoir-faire alimentaires et culinaires : l’agrotourisme au Québec ne cesse d’étendre et de peaufiner son offre dans toutes les régions. Ces pistes constituent la meilleure façon de découvrir les produits locaux et de saison qui font la renommée du Québec gourmand, mais aussi de rencontrer de manière authentique les producteurs et transformateurs qui font vivre ce terroir québécois aux facettes et aux saveurs multiples. Pour le voyageur épicurien, ce sera également l’occasion de mesurer la progression du bio et des circuits courts au Québec, l’alimentation étant un secteur clé pour réduire notre empreinte carbone et lutter efficacement contre les gaz à effet de serre. Là aussi, la prise de conscience produit ses effets et la mobilisation s’accélère ces dernières années. Selon les données de l’organisme QuébecBio, plus de 350 entreprises maraîchères québécoises fonctionnant en réseaux courts ont franchi le pas du bio en 2020-2021, en pleine pandémie. La transition touche tous les domaines, des vignobles aux producteurs de viande en passant par les microbrasseries, les microdistilleries, les érablières… Les produits de la pêche aussi. Lancé en 2009 par le musée gaspésien Exploramer, le programme Fourchette bleue, qui vise une saine gestion des ressources marines du Saint-Laurent, n’a cessé depuis d’élargir son « assiette », certifiant un nombre grandissant de poissonneries, restaurants et autres établissements faisant le choix de valoriser des espèces sous-exploitées ou méconnues dans une perspective de développement durable et de protection de la biodiversité.
Si vous ne jurez que par les logos des certifications, retenez également celui d’Aliments du Québec, qui demeure la référence depuis sa création en 1996 pour s’assurer de consommer des produits locaux, avec depuis une dizaine d’années deux déclinaisons biologiques : Aliments de Québec bio (aliments bio entièrement québécois ou constitués d’au moins 85 % d’ingrédients d’origine québécoise) et Aliments préparés au Québec bio.
Bonne pour la planète, bonne pour notre santé, cette vision plus vertueuse de l’alimentation s’incarne à la table de plus en plus de restaurants gastronomiques. À Québec par exemple, le Restaurant Alentours ouvert en 2022 s’est fixé comme objectif d’être « zéro déchets » et de s’approvisionner dans un rayon maximal de 150 km autour de la Vieille Capitale. On peut également citer le Bistro Hortus et le restaurant Vivoir du Monastère des Augustines, qui proposent quasi exclusivement des produits locaux, de saison et certifiés biologiques. Toujours dans le Vieux-Québec, Le Clan, le restaurant du chef Stéphane Modat, fait quant à lui un travail remarquable sur le sourcing de chacun de produits qu’il utilise, allant jusqu’à indiquer sur ses menus les coordonnées GPS des producteurs. Le chef Modat a d’ailleurs récemment mis en place un partenariat avec la Famille Lalo, une entreprise autochtone innue de la Côte-Nord, pour proposer à table leur homard pêché de manière traditionnelle, à l’épuisette. Une ressource respectée et gérée durablement, une fraîcheur irréprochable, un goût exceptionnel, pas d’intermédiaire entre le fournisseur et le chef et donc une meilleure rémunération pour le producteur : le genre d’initiatives qui profitent à tous et régalent chacun !
Vous découvrirez aussi au Québec de nombreux restaurants mettant en pratique les principes « de la ferme à l’assiette », valorisant des légumes et autres produits qui s’épanouissent littéralement sur place, pratiquement sous vos yeux. L’Épicurieux à Val-David (Laurentides), Au Pâturage à Sainte-Perpétue (Centre-du-Québec), Le Bercail et Les Labours, c’est-à-dire les deux tables de l’Hôtel & Spa Le Germain Charlevoix (région de Charlevoix) ou encore la table champêtre L’Éden Rouge à Saint-Bruno-de-Guigues (Abitibi-Témiscamingue) comptent parmi les représentants de cette tendance qui s’amplifie aux quatre coins de la province.
Ce que l’on peut retenir après ce tour d’horizon des principales bonnes pistes pour voyager plus responsable au Québec, c’est que la transition durable est bel et bien en marche au pays des grands espaces. De l’hébergement aux activités en passant par l’assiette, tout est là pour nous aider à maîtriser notre impact sur l’environnement, favoriser le développement local et contribuer à compenser l’empreinte carbone liée à nos voyages. Fier membre de Tourisme durable Québec, Québec le Mag’ se réjouit de se faire le relais de toutes ces initiatives dessinant au Québec le voyage de demain.