Tourisme autochtone en Eeyou Istchee Baie-James : Le Podcast Prendre le Large


Dans ce nouvel épisode des Podcasts Prendre le Large de Québec Le Mag, nous partons à la découverte de la région d’Eeyou Itschee Baie-James, de la Nation Autochtone Cri et surtout de tout ce qu’elles ont à offrir comme aventures, comme expériences et comme rencontres.

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A 800 km au nord de Montréal, entre le 49e et le 55e parallèle se trouve un territoire immense, presque aussi grand que l’Allemagne. C’est la région d’Eeyou Istchee Baie-James. On est dans le nord du Canada bien sûr, avec tout ce que ça suppose de lac immense, de forêt à perte de vue, d’aurores boréales, de faune aussi, qui est sauvage, magnifiquement préservée. Et puis on est surtout sur les terres du Peuple Cri qui pratiquent la chasse et la pêche depuis des millénaires et qui a à cœur de perpétuer encore aujourd’hui ces pratiques ancestrales. Je m’appelle Karim, j’ai le plaisir de vous accueillir pour cette nouvel épisode des podcasts Prendre le Large de Québec le Mag. Un épisode dans lequel, vous l’aurez compris, nous allons poursuivre notre découverte du tourisme autochtone à travers cette région d’Eeyou Istchee Baie-James, à travers cette Première Nation Cri et surtout de tout ce qu’elles ont à offrir comme aventures, comme expériences et comme rencontres. Et puisqu’on parle de rencontres, je vous présente nos invités du jour. D’abord, la réalisatrice et exploratrice Annie-Claude Roberge.

Bonjour Annie-Claude.

Bonjour Karim.

Et puis Andrew Germain, qui représente le tourisme autochtone du Québec. Bonjour Andrew !

Bonjour Karim.

Alors Andrew, puisque tu as la parole, on va commencer avec toi. Ce podcast, tu le sais, s’appelle “Prendre le large” et aujourd’hui, il peut difficilement mieux porter son nom.

Oui, effectivement, Karim. La région d’Eeyou Istchee Baie-James, c’est une région qui est très vaste et très large. Elle s’étend entre le 49e parallèle jusqu’au 50e parallèle et couvre à elle seul une superficie d’environ 350 000 km². Pour vous donner un une idée de l’ampleur, c’est une région qui se compare à l’immensité de l’Allemagne.

Effectivement, on ne va pas visiter ça en un long week-end !

Non, non, non, c’est un territoire qui est très très très vaste. Mais l’expérience débute seulement à 05h00 de Québec, donc on peut accéder au territoire par une route de 05h00 depuis la ville de Québec.

Très bien merci Andrew.

Andrew, peux-tu te présenter en quelques mots et nous expliquer quel est ton rôle pour le tourisme autochtone ?

Oui, en fait, je suis conseiller marketing pour Tourisme Autochtone Québec, qui représente ses 11 nations autochtones et les 50 communautés.

Parfait, on reviendra vers toi évidemment, durant ce podcast, mais je voudrais me tourner maintenant vers Annie-Claude.

Annie-Claude toi tu es photographe, réalisatrice, tu es documentariste, mais il me semble que ce qui caractérise le mieux finalement, ce sont les mots aventure et nomadisme. C’est correct ?

Ah oui, totalement Karim, c’est sûr. L’aventure pour moi, c’est plus qu’un intérêt, c’est l’histoire de ma vie. J’aime raconter que je suis née un peu aventurière, que toute petite déjà., j’étais à la quête, à la recherche, à la conquête du monde. J’ai toujours eu une curiosité insatiable, un désir de tout vouloir connaître. Et même quand j’étais petite, j’aime raconter cette anecdote-là, ma mère, elle avait comme une laisse. Mais ce n’était pas une laisse pour les animaux, c’était un genre de laisse parce que dès que k’ai eu 2 ou 3 ans, aussitôt que j’ai commencé à marcher, j’étais loin des jupes de ma mère, je voulais toujours aller plus loin. Alors, c’est dans mon ADN, je suis nomade par nature. Je peux le concrétiser dans le sens que je passe entre 6 et 8 mois par année sur la route, à l’extérieur de mon camp de base, alors c’est un peu comme ça que je me suis construit.

Et tu t’es construite en voyageant un peu partout dans le monde, ça te fait combien de voyages là, à peu près ?

Et j’ai fait le compte lors d’une interview il y a un an ou 2 et j’étais rendue à 65 pays. J’ai été surprise par moi-même ! Il y a comme un site pour calculer le nombre de pays, puis là je suis déjà à 65 pays. Cela fait 25 ans que je fais mon métier, j’ai 46 ans aujourd’hui. Je voyage un petit peu partout mais déjà toute petite c’est ça que je voulais faire. Il y avait une émission de télévision ici au Québec qui s’appelait La course destination au monde et cette émission qui était diffusée à Radio-Canada à l’époque. On voyait des jeunes entre 18 et 35 ans parcourir le monde et on leur donnait une caméra. Et moi, je regardais ça religieusement toutes les semaines. J’enregistrais sur ma petite cassette VHS et je voulais faire ce métier. Donc ça fait très très très très longtemps que je sais que je veux faire ce métier là. Et bien c’est comme ça que je me suis construit comme j’ai dit tout à l’heure. Entretemps, j’ai été chercher mon brevet en enseignement des arts, du cinéma, de la photographie. Parce que je viens d’une famille d’enseignants et mes 2 parents me disaient “Si tu veux être un artiste, va au moins chercher ton brevet d’enseignement comme ça, tu ne seras jamais mal prise.” Alors j’ai écouté mes parents et je suis allée chercher mon brevet et j’ai commencé ma carrière un peu en enseignant pendant 5 jours par semaine, 4 jours, 3 jours, 2 jours. Et en 2010-2011, j’ai pris ma retraite de l’enseignement très très jeune d’ailleurs. Et depuis ce temps-là, j’ai mis sur pied ma propre compagnie de production et je vis de ma passion et j’en suis très très fière. Et je vis de mes rêves, je vis de ma passion et je continue l’enseignement un petit peu par la bande, dans le sens que je donne des conférences dans les écoles. Je suis très proche des jeunes. Pour moi, c’est un laboratoire humain absolument incroyable. Je vais parler de mes aventures, je vais parler de mes expériences. D’ailleurs, Eeyou Istchee Baie-James j’en parle régulièrement dans les écoles, dans le cadre de leur programme sur la connaissance des peuples nordiques du Québec. Je continue de transmettre.

Tu continues d’apprendre effectivement et de donner tout ce que tu découvres. Tu viens de faire la transition idéale, puisque tu parles de la Baie-James. C’est le sujet du jour. Tu as un attachement particulier à cette région là, pourtant tu n’en es pas originaire. Tu es québécoise, pour le coup, on l’a tous très bien entendu, mais tu n’es pas née en Eeyou Istchee Baie-James.  Donc est-ce que tu peux nous expliquer comment c’est arrivé ? Comment est né cet attachement ?

Non, je suis lanaudoise et dans Lanaudière ici, on a la Nation Atikamekw qui est ici et mon père était directeur d’école à Manawan, qui est une Nation Atikamekw dans le nord de Lanaudière. Ce qui fait que j’ai eu la chance quand j’étais petite, d’aller en hydravion accompagner mon père dans la Communauté. On faisait des allers-retours là-bas, ce qui m’a permis de vivre de très proche l’expérience autochtone, l’expérience avec le peuple Atikamekw. Et quand je suis retournée dans la région par le plus grand des hasards en 2009, je suis allée au lac Mistissini, qui est le plus grand lac d”eau douce au Québec. C’est une mer intérieure, c’est absolument gigantesque. On m’avait invitée pour documenter la traversée du lac Mistassini en snowkite – ça, c’est un espèce de de ski cerf-volant. Alors à l’époque, je suis allée là-bas et on m’a invitée à venir documenter comme je viens de le dire, et j’ai été en contact avec une famille. Dans le nord, il y a des territoires de chasse et les territoires de chasse sont tous gérés par un taliman qui est comme le gardien du territoire. Et le taliman du territoire du lac Mistassini s’appelait David. Malheureusement, il est décédé aujourd’hui. C’est un homme qui m’a appris énormément sur la culture crie, sur la chasse, la pêche dans son territoire et maintenant c’est son fils et son petit-fils qui ont repris le leg de Late David. Parce que quand quelqu’un est décédé, on dit Late avant le nom de la personne. Alors ce sont Stanley et Conrad, qui est même agent touristique de la ville de Mistassini, aujourd’hui. C’est comme ça que je me suis ramassée dans le territoire et je l’ai tout de suite adopté. J’ai passé beaucoup de temps avec l’aide David à cette époque là, qui m’amenait sur sa motoneige. Il m’a appris comment poser les filets de pêche en dessous de la glace. C’est, c’est une opération absolument incroyable : comment poser un filet pour attraper le poisson en dessous de la glace avec un mécanisme particulier. Et à ce moment-là, quand je suis arrivée sur le territoire avec David et avec Stanley à l’époque, j’ai eu l’impression de retrouver tout ce que j’avais appris dans mon enfance, toute cette espèce d’affinité avec le territoire, ce goût de liberté. Tu sais, j’avais l’impression, je ne l’ai pas capté tout de suite, mais tout ce que j’avais appris comme petite enfant. Parce que mon père, quand il arrivait à la Manawan quand j’étais petite, il me laissait dans la Communauté comme ça, et je pense que. à l’époque, j’étais une des seules enfants blanc. Et moi, j’allais m’amuser dans le bois avec les autres enfants du Québec. Et il y avait cette notion de liberté d’être sur le territoire, de pouvoir se promener d’une maison à l’autre, de pouvoir vivre le le moment présent. Et quand je suis retournée en 2009, je me sentais tellement bien, c’est comme si j’avais retrouvé ma famille. Ce qui fait que depuis ce temps-là, je n’ai pas arrêté à chaque fois que j’avais un moment de libre, je suis retournée au nord et je me suis particulièrement intéressée aux anciens qu’on appelle Elder au Nord, parce que ce sont les gardiens. Ce qu’il faut savoir, c’est que les gardiens du savoir, c’est une culture millénaire à cause de la tradition orale qui transmettent leur savoir de génération en génération. Leur savoir au niveau de la pêche, de la chasse, de la connaissance du territoire, des plantes, et caetera.

Ça semble très simple quand tu en parles, cette prise de contact avec les communautés autochtones. Alors on se doute que ce n’est pas tout à fait le cas. Comment tu t’y es prise pour créer cette relation de confiance ?

Ben je pense, comme je l’ai dit, je pense qu’à cause de mes multiples voyages dans le monde Atikamekw, quand j’étais petite, j’ai comme…  Parce que j’étais vraiment jeune, j’avais entre 4 et 7 ou 8 ans. On se rapporte au début des années 80 et j’ai comme appris des choses, mais naturellement, sans me poser la question. Je les ai oubliées en vieillissant parce que je ne suis pas retournée sur le territoire. Puis, en revenant avec les Cris, c’est comme si tout l’apprentissage, le rapport au temps, le rapport à l’espace, le rapport au territoire… Comme si mes souvenirs, c’est comme si c’était en moi, finalement, tout ça. Oui, ce n’est pas facile, je ne sais pas comment l’expliquer, mais j’ai comme cette aisance  que ça soit par l’humour, que ça soit par la compréhension du temps. Tu sais, les allochtones, on a souvent l’impression… On regarde notre montre, il faut arriver à telle heure à tel endroit. On suit un horaire précis. Et sur le territoire avec les aînés autochtones, on vit le moment présent, c’est l’environnement, on s’adapte. Je me rappelle à un moment donné justement cette année-là, en 2009 ou en 2010, quand je suis allée l’année suivante, à un moment donné, il y a eu un troupeau de caribous et Stanley et David m’ont dit : “Hey, on te laisse là, on te laisse sur le bord d’une forêt, on vient te reprendre bientôt. Faut juste courir parce que c’est notre nourriture.” S’ils voient quelque chose qui va les aider à vivre dans le moment présent ou à subvenir à leurs besoins, ils vont tous arrêter ce qu’ils font à ce moment-là pour aller subvenir à leurs besoins précis qui est dans le moment présent. Donc c’est comme un rapport au territoire, à l’espace et au temps qui est complètement différent. Comment se faire accepter ? Je n’ai pas de conseil à vous donner spécifique par rapport à ça, juste de rester vous-même, d’essayer d’avoir des lunettes différentes, d’essayer d’oublier. Puis là, c’est un conseil que je donne, pas juste pour l’écrit, c’est un conseil que je donne pour tout voyageur sur cette planète. Quand qu’on arrive dans une nouvelle culture qu’on ne connaît pas, c’est d’essayer de laisser à la maison toute notre bagage culturel qu’on a appris par notre famille, par notre environnement et d’essayer de mettre une nouvelle paire de lunettes complètement vierge qui nous permet d’aborder le monde différemment. Donc le seul conseil que j’ai à donner, c’est de rester soi-même, de respecter, de surtout respecter l’autre, d’observer parce que souvent, on est encadré dans ce qu’on est, dans ce qu’on a appris. Et on ne prend pas le temps d’observer, d’écouter et de goûter à ce qui se présente devant nous, au nouveau. On fait des références constantes à ce qu’on est, d’où on vient. Mais non, il faut à un moment donné, quand on arrive dans un nouvel environnement, il faut vraiment trouver le moyen de s’imprégner du moment présent et de respecter. Il faut laisser l’appareil photo, le téléphone. Quand on arrive dans un nouvel environnement, il faut respecter, regarder, poser des questions, ne pas s’imposer avec ce qu’on est, mais plutôt de s’intégrer, de se fondre.

Tu l’as visité combien de fois ce territoire et quels sont les expériences qui t’ont le plus marquées ?

Depuis 2009, je fais des allers-retours. Juste cette année, je suis à mon 2e voyage, je vais au moins faire 4 ou 5 voyages. Ce qui me rappelle : en 2009, j’ai fait une conférence devant devant les Cris, justement, l’industrie touristique crie et je disais que de tous les voyages, de tous les les 65 pays que j’avais visités, celui dont le territoire m’attire le plus, le territoire qui m’inspire le plus, c’est le leur. Pour plusieurs raisons. C’est, un territoire qui est vierge, c’est un territoire qui est magnifique, je m’y sens comme à la maison. Je l’ai adopté, c’est comme ma famille du Nord finalement. A chaque fois que je vais là, je vais voir des amis dans chacune des communautés que je visite. Et bien ça ne s’est pas fait du jour au lendemain, ça a pris des années et des années, des relations de confiance qui se sont bâties petit à petit. Tu n’arrives pas sur le territoire comme ça : “Bonjour Bing, Bang, j’ai plein d’amis, ça va bien, je sors ma caméra, je fais des films.” Cela ne fonctionne pas comme ça du tout. C’est vraiment, c’est des apprentissages petit à petit, c’est une confiance qui se bâtit. J’ai calculé l’autre fois pour un projet et j’étais rendue au-delà de 40 ou 50 voyages là-bas. Fait que c’est vraiment mon point d’attache. C’est vraiment ma famille du Nord, je peux le dire comme ça.

Quels sont les endroits que tu as visités et qui t’ont vraiment le plus marquée, ou ceux que tu conseillerais pour quelqu’un qui voudrait faire une première découverte ?

C’est difficile pour moi de répondre. Ma communauté d’appartenance, c’est Waswanipi. C’est la communauté dans laquelle j’ai le plus de liens, le plus de liens de confiance, avec qui j’ai le plus travaillé. C’est la Communauté qui est le plus au Sud, qui est la plus proche des communautés allochtones. Sauf que à Waswanipi, il n’y a pas encore d’hôtel ou d’infrastructures, fait que il faut passer par des agences. Mais ça, on va vous en reparler plus tard. Comment vous y prendre ? C’est difficile pour moi de dire : “Je vous conseille d’aller là-bas. Go !” Comme il n’y a même pas d’hôtel là-bas, pas de restaurant… Moi, c’est ma communauté d’appartenance, j’ai connu les aînés là-bas, j’ai habité sur le territoire, je vais avec eux dans le bois, régulièrement. J’y étais encore là la semaine dernière. Fait que c’est difficile pour moi de vous donner des conseils à ce niveau-là. Je vais laisser mes compatriotes, mon collègue de travail Andrew vous parlez de ça un petit peu plus tard. Par contre, si je peux vous parler d’une communauté qui m’a touchée, il y en a plusieurs. Il y a Ouje-Bougoumou où on retrouve un musée absolument extraordinaire et où j’ai quelques liens. Il y a Mistassini qui est absolument magnifique. Je vous ai parlé tantôt, quand je suis arrivée dans le territoire en 2009, que j’ai traversé le lac Mistassini en Snowkite, en cerf-volant à skis et j’y retourne régulièrement. Mais mes 2 communautés vraiment d’appartenance, c’est Chisasibi et Waswanipi. Chisasibi c’est l’avant dernière Communauté. Chisasibi on peut y aller en voiture mais ça prend au-delà de 20h00 de voiture de Montréal. C’est excessivement long. Comment je suis allée là la première fois, je me rappelle c’était en 2011, je connaissais seulement les communautés inland, ça veut dire celles qui sont à l’intérieur du territoire. Parce que sur le territoire de Eeyou Iscthee Baie-James, il y a des communautés qui sont sur le bord de la Baie James et il y a des communautés qui sont en forêt à l’intérieur. Alors moi, les communautés de l’Intérieur qui sont Waswanipi, Ouje-Bougoumou, Mistissini et Nemaska, je les connaissais bien. Et j’avais la curiosité. Ça faisait seulement 2 ans que que je maraudais sur le territoire. J’avais la curiosité d’aller connaître une nation qui était sur le bord de la Baie James, Alors j’ai pris ma petite voiture à cette époque là et je me suis rendue complètement au nord. Et j’étais arrivée sur le territoire de Chisasibi et il y avait le rassemblement d’été. C’est une fête d’été où toute la Communauté se rassemble. Ils font des jeux, ils font de la musique, c’est un moment absolument extraordinaire où tout le monde est ensemble. Tout le monde échange. Je suis arrivée dans ce rassemblement d’été, qui était dans l’ancien village de Chisasibi qui s’appelle Fort George, qui est absolument extraordinaire. Si vous allez à Chisasibi, il faut absolument visiter Fort George. C’est sur une île. On prend une barge et on se rend à Fort George Island et à l’époque, je me rappelle, j’avais ma tente, j’avais mon réchaud, j’avais toute ma nourriture, j’ai fait 20 h de voiture toute seule pour me rendre là et je suis allée demander à une famille si je pouvais m’installer sur leur campement d’été. Et à ce moment-là, je suis arrivée sur le campement et la famille m’a adoptée. C’est rendu des amis très très proches à moi. J’ai été très très proche d’une dame qui est devenue comme ma grand-maman adoptive et on a eu vraiment un lien extraordinaire. Les femmes aînées préparaient des repas pour toute la Communauté. Fait que du matin au soir, les femmes aînées étaient ensemble, préparaient des plats traditionnels qu’on appelle le country food. On préparait tout ça ensemble et c’est comme ça que j’ai pu connaître et former un rapport de confiance avec eux. Je ne suis pas arrivee du jour au lendemain et dire OK, moi je suis cinéaste, je suis photographe, puis j’arrive dans le tipi puis je prends les photos,. Non non, non, avant que je chope mon appareil photo à cette époque là, ça a pris une semaine. Une semaine de m’asseoir avec les autres, de les aider, d’apprendre sur leur culture, de les observer, de poser des questions, d’être respectueuse, d’essayer de partir le feu. Je partais le feu, je me réveillais tôt le matin, j’allais partir le feu pour faire le thé, pour faire le café, pour que quand les aînés arrivent, le thé, le café soient prêt. Alors c’est ça, c’est ce voyage là, ça a été vraiment un voyage d’apprivoisement.
Alors ça a été quand même extraordinaire, puis ça m’a permis vraiment d’établir une relation de confiance avec eux. Par contre, je ne vous conseille pas de faire ça dans le sens que tu sais, ce n’est comme puis ça. Andrew va vous en reparler un petit peu plus tard, mais il faut être encadré et tu sais moi c’est mon métier de voyager et d’explorer, d’avoir une caméra. Je fais la même chose en Afrique ou partout sur la planète, mais c’est mon métier de faire ça. Tu sais, je pense que vous avez besoin de plus d’infrastructures que moi. C’est très romancé ce que je vous raconte, mais c’est propre à ce que je suis, à mon métier et c’est peut-être inaccessible pour Monsieur, Madame tout le monde. Je tenais à le dire.

C’est très clair de ce côté-là et et merci pour cette sincérité et pour cette clarté aussi par rapport à la différence entre tes voyages et ce que Monsieur ou Madame tout-Le-Monde ou moi même on pourrait faire là-bas. Tu transmets un amour du territoire qui est juste incroyable et qui donne envie d’aller le voir. On va essayer de dégager quelques pistes concrètes pour les personnes qui voudraient découvrir Eeyou Istchee Baie-James. Je vais me tourner pour ça vers Andrew. Andrew, est-ce que tu peux justement nous donner de l’information et des conseils sur comment on aborde une visite de ce pays, de ce territoire-là ? Ce qu’il faut préparer, vers qui on doit se tourner pour aller vivre des expériences qui, visiblement, sont uniques à expérimenter.

En fait, la région de Eeyou Istchee  Baie-James, on en a parlé d’emblée, c’est une région qui est très grande, qui est très vaste, qui s’étend partout. On a vu avec Annie-Claude que la culture est omniprésente, elle est très riche. Que les expériences qu’on peut vivre dans la région sont incroyables. Mais on a aussi beaucoup de produits touristiques pour que les gens puissent vivre ces ces expériences-là. Les produits touristiques sont disponibles sur le site “Décrochez comme jamais” ou sur le site de Tourisme Autochtone Québec. Mais ce qui est important de se rappeler, c’est d’être bien préparé. On l’a vu avec Annie-Claude, lorsqu’elle aborde ses voyages, elle prend le temps de voyager, elle prend le temps de prendre le temps de s’imprégner de la culture, de mettre des nouvelles lunettes. Mais elle est aussi préparée dans ses voyages. On s’est doté d’une agence de voyage qui est présente pour aider les voyageurs qui aimeraient découvrir la région. L’agence de voyage s’appelle Voyages Eeyou Istchee Baie-James et offre plusieurs forfaits selon les régions sur le territoire Cri. On peut parler entre autres de la pêche sur le grand lac Mistassini. Il y a 2 pourvoiries qui offrent une qualité de pêche de calibre mondial. On a aussi des immersions culturelles. On a des expériences aussi, de culture. On a un centre de culture crie à Ouje-Bougoumou qui nous permet de découvrir plusieurs faits et histoires sur les Cris. Et je vous invite vraiment à consulter nos 2 sites Internet pour vraiment voir l’ampleur des expériences disponibles dans la région de Eeyou Istchee Baie-James. Mais surtout, j’insiste surtout de bien prendre l’information avant de se déplacer dans la région. C’est important de prendre le temps d’appeler, de s’informer, de voir comment approcher, comment réserver dans la région pour s’assurer d’avoir un expérience là vraiment inoubliable. Et puis une expérience riche en apprentissage.

Merci à toi Andrew. On a bien compris et on renverra évidemment sur notre site internet vers ces liens qui sont vraiment très clairs, très très complets aussi sur l’offre qui est disponible et qui va permettre de goûter à certaines choses dont vient de nous parler Annie-Claude pendant toutes ces longues minutes. Annie-Claude, si je peux me permettre, j’aurais un dernier service à te demander. Est-ce que tu aurais une anecdote d’une de tes aventures en Eeyou Istchee Baie-James que tu pourrais nous partager juste avant de terminer ce podcast ?

Avant de terminer, je veux juste vous partager une de mes dernières aventures que j’ai vécues très récemment, au mois de septembre l’année dernière. J’ai toujours rêvé de rencontrer un ours polaire, alors j’ai voyagé beaucoup en territoire Inuit qui est plus au nord et j’ai entendu tellement parler des ours polaires avec les Inuits et les Inupiaq en Alaska, mais je n’avais jamais eu la chance d’en voir un de mes yeux. Alors, lorsque je suis allée au mois de septembre, l’année passée, je suis allée à Waskaganish et là j’ai eu la chance d’aller en bateau sur une île magique. C’est quand même assez bas au Sud. Ls gens sont très surpris qu’il y aie des ours polaires jusque-là. Moi même j’ai été très surprise. On m’a dit oui, oui oui et j’ai parlé aux aînés, aux guides. Il paraît qu’ils sont là depuis très très, très longtemps. Ce n’est pas nouveau, ce n’est pas un phénomène qui est nouveau ou qui est dû au changement climatique, du moins c’est ce qu’on m’a raconté. Et j’ai eu la chance, en compagnie de ce tour de bateau de Winnipaakw, de pouvoir voir mon premier ours polaire. C’était absolument magnifique. J’en garde un souvenir totalement mémorable. Ce que je peux te raconter Karim, c’est que les ours polaires, c’est des incroyables nageurs, ça nage dans l’eau froide, à contre-courant, ça plonge… des vrais poissons ! J’ai l’impression qu’ils se débrouillent aussi bien en haute mer que sur la terre. Mais j’ai vraiment été subjuguée. C’était un jeune ours. Le Cri qui était avec moi, le guide m’a dit que c’est un jeune ours, c’est un adolescent qui venait de quitter la famille, sa maman. Et pour la première fois, il se retrouvait seul. Fait que je dois avouer qu’il avait un petit peu peur de nous et ce n’est pas nous qui avions peur de lui. Mais de voir un ours polaire d’aussi près, ça m’a tout de même sidéré. Et tu sais, il faut quand même juste se rappeler… Je vais te quitter en disant ça, Karim. Il faut vraiment respecter. Il faut respecter la nature et rester loin de ces bêtes, qui sont complètement sauvages, qui sont dans un milieu complètement éloigné. Il faut faire attention à justement respecter leur habitat, leur façon de vivre. En tant qu’être humain, on s’en va sur leur territoire. Mais c’est leur territoire, c’est leur maison. Fait que c’est important de faire attention et de les observer de loin, avec respect. Mais je vous souhaite de tout mon cœur de visiter cette magnifique région qu’est Eeyou Istchee Baie-James.

Merci beaucoup. Merci beaucoup aussi pour cette dernière histoire. Pour ce dernier conseil super important. On on va te laisser à tes prochaines aventures. On va se dire à bientôt pour poursuivre notre découverte du tourisme autochtone à travers toutes les régions du Québec où on retrouvera très probablement Andrew. Donc. Andrew, je te remercie encore aussi pour ta présence, pour tes explications. A très bientôt

A bientôt.

Et puis Annie-Claude, encore merci pour toutes ces histoires, pour tout ce partage d’expériences. On te souhaite encore plein, plein, plein de découvertes, plein de voyages ,plein d’aventures. Et puis on te retrouvera aussi très certainement pour que tu viennes nous raconter aussi la suite de tout ça.

Merci beaucoup. Karim. Ce fut un immense plaisir. Merci à Andrew aussi. Et puis si vous voulez suivre mes aventures, vous pouvez me trouver facilement sur Instagram à mon nom. Annie-Claude Roberge. Ou encore sur le site de ma compagnie qui s’appelle Sekoya. Je vous invite à venir me suivre puis à venir suivre surtout mes aventures et toutes les belles personnes et l’environnement magnifique que je rencontre tout au long de mes voyages.

On les partagera avec plaisir aussi sur le site de Québec le Mag. On se retrouve nous très bientôt, sur le site et puis sur cette chaîne de podcast à laquelle vous pouvez évidemment vous abonner sur n’importe quelle plateforme. Et puis nous laisser un petit commentaire, une note, ça fait toujours plaisir. A très bientôt tout le monde.

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