L’art de remonter le temps au Québec maritime

Le blog


Si les quatre régions du Québec maritime invitent leurs visiteurs à prendre le large au cœur des grands espaces, elles sont aussi l’occasion d’incroyables voyages dans le temps et les cultures. On apprend une foule de tranches d’histoire et on découvre des traditions aussi bien dans les musées et les sites historiques qu’à l’occasion des événements qui rythment l’année. Riche, surprenant, captivant, ce patrimoine humain vibre aux quatre coins du Québec maritime.

Zoom sur six de ces lieux et rendez-vous qui enrichissent le voyage au Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie, sur la Côte-Nord et aux Îles de la Madeleine

Dans l’est du Québec, chaque région conserve des traces de son histoire plus ou moins récente, et parfois très ancienne, à l’instar des communautés autochtones mi’gmaq et innues dont on ne se lasse pas de s’initier à la culture millénaire en Gaspésie et en Côte-Nord. Nombreux sont les sites culturels, les lieux historiques et les musées qui excellent à partager ce legs transmis de génération en génération. Mais le voyage dans le temps au Québec maritime visite bien d’autres époques et réalités. À peine entré au Bas-Saint-Laurent, le patrimoine bâti d’un village comme Kamouraska, le phare de l’île Verte (le doyen des vigies sur le Saint-Laurent) ou, plus loin à Rimouski, le Site historique maritime de la Pointe-au-Père, racontent tous à leur manière la grandeur et les périls de la navigation sur le Saint-Laurent. Une quarantaine de phares ponctuent d’ailleurs les côtes des quatre régions du Québec maritime, dont beaucoup sont à visiter. D’autres sites et d’autres histoires ne manquent pas de nous interpeler sur l’entremêlement de récits et d’influences qui façonnent depuis longtemps cette destination. Depuis l’époque de la colonisation et de la Nouvelle-France, bien des communautés sont venues enrichir la grande mosaïque humaine et culturelle du Québec maritime. La Gaspésie en est un témoin vivant, elle qui vit débarquer Jacques Cartier en 1534. Acadiens, Canadiens français, loyalistes américains, Anglais, Écossais, Irlandais et Jersiais… les remous de l’histoire et les opportunités d’une vie meilleure, l’exploitation des ressources et les enjeux commerciaux ont fait de la région une terre où prendre racine et perpétuer jusqu’à aujourd’hui des cultures venues de différents horizons. Dans les quatre régions du Québec maritime, l’émotion est souvent au rendez-vous quand on visite ces lieux vibrant de mémoire qui se succèdent le long des routes. Quant à l’étonnante diversité des cultures qui cohabitent à l’est du Québec, on la retrouve tant dans les noms des localités qu’au gré des musées et des espaces patrimoniaux, mais aussi dans la vie même des régions, dans les traditions culinaires, dans l’inspiration des artistes et des artisans, dans la musique ou encore sur le calendrier des événements rassembleurs qui ponctuent l’année… La preuve en six escales.

L’histoire et l’émotion au Site historique maritime de la Pointe-au-Père

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Crédit : Site historique maritime de la Pointe-au-Père

Au Bas-Saint-Laurent, chacun peut se familiariser avec cette part essentielle du patrimoine et de l’histoire du Québec maritime qu’est la navigation dans l’estuaire du Saint-Laurent. Réunissant à Rimouski trois attraits en un, le Site historique maritime de la Pointe-au-Père est une destination d’excellence pour ce faire. On y découvre en particulier un épisode aussi méconnu que tragique, celui du naufrage de l’Empress of Ireland survenu en 1914, juste avant le début de la Première Guerre mondiale. La pire catastrophe maritime de l’histoire du Canada est l’objet d’une exposition poignante. Celle-ci présente de nombreux artéfacts issus de l’épave, tandis qu’un spectacle multimédia et multisensoriel plonge les visiteurs dans le déroulé de cette nuit funeste qui vit périr 1 012 personnes. Comme en écho à l’intransigeance du Saint-Laurent, se dresse à deux pas du musée le deuxième plus haut phare du Canada, érigé en 1909. On le visite jusqu’à son sommet, de même que l’ensemble de sa station, désignée lieu historique national du Canada. Une expérience inédite est enfin à vivre au Site historique maritime de la Pointe-au-Père : la visite d’un authentique sous-marin, l’Onondaga, afin de s’immerger dans le quotidien des 70 sous-mariniers qui pouvaient passer plusieurs mois confinés à bord de ce bâtiment de la Marine royale canadienne en fonction jusqu’en 2000.

Ecoutez notre podcast sur le Site historique maritime de la Pointe au Père

Des millénaires sortis de terre au Centre Archéo Topo

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Crédit : Centre Archéo Topo

En Côte-Nord, à moins de 30 km de Tadoussac, le village des Bergeronnes concentre une trentaine de sites archéologiques dont trois sont classés par le ministère de la Culture. Que révèlent ces précieux gisements du passé ? Rendez-vous au Centre Archéo Topo pour remonter le fil de pas moins de 8 000 ans d’occupation humaine sur la Côte-Nord, de la préhistoire jusqu’à la période contemporaine. Paléosquimaux, Inuits, Basques, Anglais et Français font partie des groupes venus explorer la région à différentes époques. C’est une histoire souvent méconnue qui se dévoile au fil des artefacts mis en valeur par l’exposition permanente, offrant un précieux éclairage sur les technologies et le mode de vie autochtones, la pêche, la chasse, ou encore l’arrivée des Européens et le commerce des fourrures. À la belle saison, en particulier pendant le Mois de l’archéologie qui se déroule en août au Québec, un programme d’activités et de causeries rend ce grand voyage dans le temps encore plus vivant, à travers des ateliers dédiés, par exemple, à la poterie ou à la confection de capteurs de rêves. La visite du Centre Archéo Topo est aussi l’occasion de mieux connaître le riche environnement de la Pointe-à-John, en empruntant le tout nouveau sentier de la biodiversité. De belles découvertes sous les embruns !

L’âge d’or de la pêche au Site historique national de Paspébiac

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Site historique national de Paspébiac – Crédit : Sarah Lacroix

La Gaspésie et la pêche, c’est une épopée au long cours tissée de triomphes et de débâcles. Dès le XVIe siècle, les pêcheurs européens font annuellement la traversée, en quête de cette précieuse ressource qu’est la morue. C’est en Gaspésie que l’on trouvera, au XIXe siècle, l’un des plus importants ports d’exportation de la morue séchée de l’Atlantique, celui des compagnies jersiaises Robin et LeBoutillier Brothers. À même le Site historique national de Paspébiac, onze impressionnantes constructions érigées entre 1788 et 1870 témoignent de cet âge d’or et de son essor international. Remarquablement conservé, ce patrimoine bâti s’est mué en musée vivant où, de bâtiment en bâtiment, on rencontre d’authentiques Paspéyas dévoilant les métiers et les savoir-faire de leurs aïeux en matière de transformation de la morue bien sûr, mais aussi de tonnellerie, de forge ou encore de construction navale. De nombreux artefacts et photographies d’époque contribuent à ranimer le quotidien souvent rude des Gaspésiens du XIXe siècle. Libre ou guidée, la visite est d’autant plus captivante que les délices de la mer s’invitent au programme grâce au restaurant L’Ancre, situé dans l’un des bâtiments du site.

La vie des Gaspésiens du XVIIIe siècle au Parc du Bourg de Pabos

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Crédit : Parc du Bourg de Pabos

On n’a pas fini de remonter le temps en Gaspésie ! À Chandler, à même le site d’une ancienne seigneurie maritime qui fut très prospère sous le régime français, le Parc du Bourg de Pabos invite ses visiteurs à retracer plus de 250 ans d’histoire. Les fouilles de l’archéologue Pierre Nadon ont ici mis au jour près de 16 000 artefacts, dont des vestiges amérindiens ainsi que des traces du passage de l’armée britannique. Une partie de cette impressionnante collection se dévoile au centre d’interprétation, éclairant la vie quotidienne des habitants de la seigneurie du Grand Pabos au XVIIIe siècle via de nombreux objets, artefacts, écofacts et ruines. On peut même participer à une fouille fictive guidée avec l’activité Animarchéo. Sis dans un superbe environnement, ce musée à ciel ouvert constitue l’unique site archéologique classé de la région. Il est aussi une invitation grandeur nature à la rêverie et aux plaisirs balnéaires. Le parcours immersif Ura (environ 1 km entre forêt et bord de mer) célèbre la thématique de l’eau, tandis qu’une expérience inédite s’apprête à enchanter les jours et les nuits du Bourg de Pabos à partir de cet été. Plages et sentiers pédestres ou cyclables, activités de plein air, animations, restauration et camping complètent l’offre de ce parc vraiment pas comme les autres.

Ecoutez notre podcast sur le Parc du Bourg de Pabos

Le patrimoine gaspésien plus vivant que jamais au festival La Virée Trad

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Crédit : Estelle Marcoux/Festival La Virée trad

La rive sud de la Gaspésie est décidément bavarde. Ici, elle s’avère même souriante et dansante ! Notre dernière escale coup de cœur sur les traces du patrimoine culturel du Québec maritime nous emmène à Carleton-sur-Mer, toujours dans la Baie-des-Chaleurs. Chaque mois d’octobre s’y tient le festival La Virée Trad, soit trois jours de célébration du patrimoine vivant hérité des cultures traditionnelles gaspésienne, québécoise, acadienne et autochtone. Plus de 7 000 festivaliers viennent alors gonfler les effectifs de cette petite ville joliment lovée entre mer et montagnes. Ils assistent dans une bonne humeur communicative à une quinzaine de spectacles de musique, de chanson et de danse traditionnelles, sans oublier les contes et légendes. Un riche programme d’activités s’adresse à tous les publics, toutes les générations, dont un grand marché d’artisanat et de produits du terroir gaspésiens, des ateliers, des conférences, une exposition… À ne pas manquer pour chauffer soi-même la piste, la veillée de danse est l’un des grands temps forts de La Virée Trad, avec plus de 400 festivaliers qui s’essayent au set carré, au quadrille ou à la contredanse au son des musiciens. Rendez-vous du 11 au 13 octobre 2024 pour être de la fête !

Ecoutez notre podcast sur le Festival La Virée Trad

La Grave, berceau du peuplement des Îles de la Madeleine et de l’industrie de la pêche

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Crédit : Mathieu Dupuis/Le Québec maritime

Les Îles de la Madeleine ont, elles aussi, bien des histoires à raconter, en plus des fantastiques paysages que nous réserve cet archipel émergeant au cœur du golfe du Saint-Laurent. À Havre-Aubert, la visite du site historique de La Grave est un incontournable et pour cause, il s’agit de l’unique site patrimonial classé des Îles. S’étendant le long d’une jolie plage de galets, l’endroit fut fréquenté par les navigateurs et pêcheurs au cours des XVIIe et XVIIIe siècles et fut le témoin de l’arrivée des Acadiens venus de Miquelon en 1792. On le considère donc à la fois comme le plus ancien site commercial de l’archipel et comme le berceau de son peuplement. Commerces, entrepôts, hangars, salines, quais, usine, résidences… on imagine d’autant mieux l’effervescence qui devait animer La Grave que celle-ci a précieusement conservé une quinzaine de ces bâtiments hérités de son âge d’or. Même si le tourisme et la plaisance ont depuis supplanté la pêche, on se laisse forcément séduire par l’atmosphère authentique et par le cachet de La Grave, sa marina, ses boutiques, ses cafés, ses restaurants et son animation estivale souriante qui plaira à toute la famille.

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David Lang

Journaliste spécialisé voyage et art de vivre, David se régale avec le Québec depuis plus de 15 ans. Après plus de 40 voyages à travers les régions et les saisons de la Belle Province, il devance largement Jacques Cartier et s’avoue toujours aussi bluffé par les expériences et les rencontres à vivre sur ce territoire hors nome. David le rédac’ chef anime une équipe de rédacteurs et de photographes avec qui il partage sa soif de découvertes chez les cousins.


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