Un road trip d’été au Québec du Sud
4 jours et 3 nuits de road-trip au Québec pour découvrir le Centre-du-Québec, la Montérégie et les Cantons-de-l’Est
Le Québec a beau être immensément étendu, il est facile de s’offrir une magistrale bouffée d’évasion sans trop s’éloigner du fleuve ni des deux grands centres urbains de la province que sont Montréal et Québec. Si vous ne connaissez pas encore les régions du Québec du Sud, on vous invite à remédier d’urgence à cette lacune ! Le Centre-du-Québec, la Montérégie et les Cantons-de-l’Est cochent toutes les cases dont raffolent les voyageurs « épicurieux »: la grande nature à portée de pas, des villes et villages au patrimoine captivant, une campagne colorée et un terroir ô combien généreux, sans oublier l’accueil aux petits oignons des Québécois du sud de la province. Pas de jaloux entre les pupilles et les papilles lors de ce road trip de 4 jours et 3 nuits au Québec du Sud ! On vous raconte le voyage tel qu’on l’a vécu au départ de Québec, près de tout, mais toujours à bonne distance de la routine…
À savoir avant de débuter votre road-trip au Québec du Sud
Une escapade dans les régions du Québec du Sud est vraiment simple comme bonjour, que votre point de départ soit Montréal, Québec ou encore Trois-Rivières, à mi-chemin entre les deux. Il suffit dans tous les cas de passer sur la rive sud du Saint-Laurent. Pour ce faire, les ponts ne manquent pas dans chacune des villes citées. Vous pouvez aussi embarquer sur le traversier gratuit qui relie le Vieux-Québec à Lévis et entamer le périple par la région Centre-du-Québec, notre choix pour ce road trip. On emprunte alors la Route des Navigateurs, alias la route 132 qui longe la rive sud du Saint-Laurent et toise sa plaine fertile où se succèdent les doux paysages agricoles. Vous vous apprêtez en effet à explorer trois régions parmi les plus nourricières du Québec, et notre premier conseil est de prévoir de la place dans votre panier à provisions tant les occasions de déguster des produits québécois emblématiques – et d’autres plus originaux – seront nombreuses !
Lovées entre le fleuve Saint-Laurent et la frontière américaine avec les États du Maine et du Vermont, les régions du Québec du Sud distillent un charme fou qu’on ne saurait cependant réduire à leur caractère bucolique. Les amateurs d’activités de plein air y trouveront de magnifiques terrains de jeux en pleine nature dans les parcs régionaux et nationaux, en forêt, sur les reliefs et autour des nombreux lacs et rivières irriguant tout le territoire. N’oubliez ni vos chaussures de randonnée, ni vos maillots de bain ! Des tentations plus urbaines seront également de la partie, avec la découverte de villes à taille humaine et de villages parmi les plus beaux du Québec où histoire, culture, saveurs, villégiature et rencontres authentiques palpitent à l’unisson. Au cœur de l’été, en marge des grandes autoroutes touristiques de la province, vous serez étonnés et charmés par les faux airs de Toscane qui nimbent les paysages et l’art de vivre du Centre-du-Québec, des Cantons-de-l’Est et de la Montérégie. C’est parti pour 4 jours de dolce vita à la mode du Québec du Sud.
Road-trip au Québec du Sud – Jour 1 : au Centre-du-Québec, un concentré d’histoire, de culture et de saveurs québécoises
Depuis la ville de Québec, environ 2 h 30 de route nous attendent pour rejoindre notre première étape, Odanak. La bien nommée Route des Navigateurs dévoile de délicieux panoramas, sur la plaine agricole à bâbord et, naturellement, sur le majestueux fleuve Saint-Laurent à votre droite. Traversées par la route 132, Gentilly et Bécancour sont des escales indiquées pour humer l’air du Centre-du-Québec, et pourquoi pas s’aventurer dans l’arrière-pays afin d’explorer l’un de ses superbes parcs régionaux, celui de la Rivière-Gentilly. Vraiment tentant, mais cela supposerait de se lever tôt pour tenir le programme du jour ! On vous glisse tout de même notre adresse préférée à Gentilly pour s’offrir une excellente pause poutine : la Roulotte à Patates. En plus d’être aussi délicieux que sympathique, le casse-croûte de Julie Desbiens se distingue par sa fibre écolo. À partir de Nicolet, le Saint-Laurent prend ses aises pour former le lac Saint-Pierre, un écrin de nature extralarge classé réserve mondiale de la biosphère. La route se faufile ensuite dans les terres pour nous emmener jusqu’à Odanak. Ce village aux maisons coquettes arborant des pelouses impeccables abrite l’une des deux communautés abénakises de la région, les Abénakis faisant partie des onze Premières Nations du Québec. C’est notre premier grand rendez-vous avec les attraits du Centre-du-Québec.
Un grand retour aux sources du Québec au Musée des Abénakis
C’est ici, au bord de la rivière Saint-François, que la Société d’histoire d’Odanak inaugura en 1965 le tout premier musée autochtone de la province. À travers ses expositions, le Musée des Abénakis plonge ses visiteurs dans la richesse culturelle de cette Première Nation qui fonda Odanak dans les années 1670, village qui sera, au XVIIIe siècle, fortifié par les Français pour résister aux assauts des Anglais et de leurs alliés iroquois. Tandis qu’une projection multimédia relate le mythe de la création du monde dans la tradition abénakise, le parcours de l’exposition « Wôbanaki : peuple du soleil levant » suit le fil des saisons et des lunaisons pour couvrir différents aspects de la culture et du mode de vie de ce peuple millénaire, tels que son impressionnant savoir-faire artisanal, notamment dans la fabrication de canot en écorce, ses techniques traditionnelles de pêche et de chasse ou encore sa fine connaissance du territoire et de ses ressources naturelles, sujet également abordé par la passionnante exposition archéologique à découvrir au rez-de-chaussée (près de 33 000 artéfacts ont été mis au jour sur le site du village ancestral d’Odanak), juste à côté de la boutique de souvenirs. Ne manquez surtout pas de passer un moment sur le toit-terrasse de ce musée installé entre les murs de l’ancienne école catholique d’Odanak. Vous profiterez d’une vue à 360 degrés sur le village et la rivière, un site vraiment enchanteur, avant de reprendre la route en direction du sud.
Une pause-déjeuner 100 % originale à Rose Drummond, au milieu des fleurs et des délices du terroir
En une demi-heure à peine, on arrive à l’entrée du chef-lieu et ville la plus peuplée du Centre-du-Québec. Vous connaissez peut-être déjà Drummondville pour son Village québécois d’antan, site touristique majeur faisant revivre dans ses moindres détails le quotidien des Québécois du XIXe siècle, ou pour le Festival de la Poutine qui s’y tient chaque année à la fin du mois d’août, rappelant que c’est dans cette région que la fameuse spécialité québécoise est née à la fin des années cinquante. Avec ses vergers, ses vignobles, ses fromageries, ses érablières et ses spectaculaires champs de canneberge, le Centre-du-Québec a d’ailleurs beaucoup à donner aux amateurs d’agrotourisme et de découvertes gourmandes. C’est justement avec le potentiel épicurien de la région que nous avons rendez-vous à Rose Drummond, le temps d’un lunch mémorable sous les serres tropicales de cette entreprise familiale devenue le principal producteur de fleurs coupées au Québec.
`Rose Drummond, c’est à la fois un hectare de serres où s’épanouissent toute l’année des fleurs et des cactus, de même que d’excellents légumes, une grande boutique où se procurer ces derniers ainsi qu’une large sélection de produits du terroir, et un comptoir taillé pour les gourmets. Le Rose Café propose une petite restauration nature et santé pleine de soleil et de plaisir. On a craqué pour la salade de courges grillées accompagnée de chou rouge, quinoa, mesclun et fromage de chèvre, pendant que notre voisin se régalait d’un simple sandwich au jambon mettant en vedette l’excellente charcuterie bio de la ferme Rheinthal installée à Bécancour. Ne le répétez pas, mais c’est aussi à Rose Drummond, grâce au savoir-faire de ses baristas et de ses torréfacteurs, que vous trouverez l’un des meilleurs cafés de toute la province… La pause réconfort parfaite avant de reprendre la route vers notre prochain coup de cœur.
Les sacrés fromages et les sacrées soirées de la Fromagerie du presbytère, à Sainte-Élizabeth-de-Warwick
Rose Drummond vous a ouvert l’appétit ? Gardez de la place car notre prochaine escale dans le cœur gourmand du Centre-du-Québec s’annonce comme un véritable festival de saveurs et de bonne humeur. C’est dans le charmant village de Sainte-Élizabeth-de-Warwick, à mi-chemin entre Drummondville et Victoriaville, que vous trouverez le plus facilement du monde la Fromagerie du Presbytère. Et pour cause, c’est la nef de l’église locale, désacralisée en 2015, qui accueille la salle d’affinage de la fromagerie maintes fois primée du truculent Jean Morin. « Une église, c’est une sacrée belle cloche à fromages ! », nous lance Jean dans un éclat de rires. Difficile d’imaginer un circuit plus court : d’un côté de la rue principale, l’ancien presbytère et l’église accueillent les installations de la fromagerie qui produit une douzaine de fromages affinés dans les règles de l’art jusqu’à 4 ans – un savoir-faire que Jean a été apprendre à Poligny, dans le Jura –, tandis que pile en face se trouve la ferme Louis d’Or de la famille Morin, leurs vaches et, immanquable, le magasin général bordant la rue.
En plus des délicieux fromages maison – le Laliberté et le brie paysan sont tout simplement indécents de crémosité, tandis que le Louis d’Or au lait cru de vache, le Treizième Apôtre et le Bleu d’Élizabeth vous séduiront forcément par leur caractère –, ce lieu hautement convivial propose toutes sortes de produits du terroir québécois, du bon pain, de la charcuterie de première fraîcheur ainsi qu’une sélection de vins et de bières artisanales dont vous nous direz des nouvelles. Chaque vendredi d’été, le temps s’arrête dans ce cœur villageois qui respire le bonheur de partager. Il devient « le » lieu de rassemblement le plus souriant qu’on puisse imaginer. C’est le jour où Jean tire le meilleur de son petit lait, son fromage « en fesse » (fromage en bloc non salé) et son cheddar en grain (l’indispensable compagnon des meilleures poutines). On en profite pour venir pique-niquer sur le parvis de l’église et du presbytère dans une ambiance des plus festives qui va se prolonger jusqu’à la nuit avec des concerts et, parfois, des soirées raclette ou fondue. L’occasion est trop belle de rencontrer les gens d’ici et de se laisser gagner par la passion contagieuse de la famille Morin.
Immersion botanique, bières de micro et dolce vita lacustre pour finir en beauté votre journée au Centre-du-Québec
À 10 minutes de Sainte-Élizabeth, le village de Kingsey Falls mérite tout autant l’escale. Nommé en l’honneur d’un enfant du pays à la fois religieux, botaniste, enseignant, professeur, écrivain et grande figure intellectuelle du Québec du début du XXe siècle, le Parc Marie-Victorin est l’un des plus beaux jardins botaniques de la province. Ce grand parc écologique à vocation touristique et éducative a été inauguré en 1985. Il abrite six jardins thématiques, dont un parcours de mosaïcultures particulièrement impressionnant, ainsi qu’une serre tropicale. Une multitude d’événements, d’expositions et d’activités pour toute la famille rythme la vie de cet écrin empli de poésie et résolument tourné vers le développement durable.
L’heure de l’apéritif approchant à grands pas, on ne saurait trop vous conseiller d’avaler la petite cinquantaine de kilomètres qui vous sépare de la Grange Pardue, une toute jeune ferme brassicole et microbrasserie installée à Ham-Nord. Ici, tout est raccord et tout invite à la célébration du terroir québécois dans ce qu’il a de plus authentique : la vue sur les champs de houblon et d’orge et sur l’érablière du domaine, le décor et la chaleur de la vaste grange abritant la microbrasserie et le salon de dégustation, la terrasse XXL ouverte sur un cadre parfaitement bucolique coiffé par le mont Ham et, bien évidemment, les produits imaginés par l’équipe de la Grange Pardue. La Tout Bout d’Champ, La Chienne à Jacques, La Fourche Fourchue, La Barouche du Craig ou encore La Jarret Nouère comptent parmi la quinzaine de bières aux noms qui fleurent bon la vie paysanne telle que Stéphane Trucotte la connaît depuis tout petit, puisque le jeune homme présidant aux destinées de la Grange Pardue est né et a grandi à même la ferme familiale. Encore un bel exemple de circuit court, quand on sait que nombre d’ingrédients cultivés sur place servent à brasser cette épatante gamme de bières artisanales. On les déguste sur place, avec les propositions plus solides concoctées par Stéphane Martin qui officie en cuisine, ou à emporter. Car en plus d’êtres bonnes, les bières de la Grange Pardue s’habillent de canettes et bouteilles décorées par un talentueux artiste local inspiré lui aussi par son bout de campagne, le peintre Marcel Fecteau. Si vous avez le temps, n’hésitez pas à réserver une visite guidée des champs et/ou de la salle de brassage, histoire de mieux comprendre comment le plaisir transite ici du champ au verre sans faire aucun détour.
N’arrivez tout de même pas trop tard à Saint-Ferdinand, à 40 km de là, où un nid d’exception vous attend pour cette nuit. Le Manoir du Lac William vous charmera d’entrée de jeu par l’élégance de sa bâtisse aux murs blancs posée à même le rivage du majestueux lac William. Grand ouvert sur la vallée et les contreforts des Appalaches, le panorama est somptueux, propice à la détente et à la contemplation. Ce décor lance également une irrésistible invitation à jouer dehors, tant sur l’eau (baignade, tours en bateaux à moteur, kayak, pédalo…) que sur les sentiers pédestres du domaine (6 km) ou encore à vélo pour explorer les environs. L’idée étant de profiter ensuite de tout ce que le Manoir William met à votre disposition pour vous dorloter, vous remettre en forme et vous régaler : son spa détente avec ses bains nordiques intérieurs et extérieurs, un sauna infrarouge à la pointe de la technologie, une carte dantesque de massages et de soins et, comme il se doit, une table parmi les plus réputées de la région, sous la houlette du chef Sébastien Gadeau. Notez que le dimanche matin dès 8 heures, un copieux brunch est servi dans la spacieuse salle du restaurant avec vue sur le lac. Croyez-nous, le sirop d’érable tout droit sorti de l’érablière du Manoir du Lac William n’y joue pas un rôle de figurant ! Quoi qu’il en soit, une bonne nuit de sommeil dans l’une des 56 chambres (dont 36 suites ou unités supérieures) de ce prestigieux établissement sera parfaite pour reprendre la route du bon pied et dire au revoir au Centre-du-Québec sous la jolie lumière matinale.
Road-trip au Québec du Sud – Jours 2 et 3 : cap sur les Cantons-de-l’Est pour contempler, pédaler, pagayer, rencontrer et, toujours et encore, déguster !
Voilà derrière vous la première partie de la savoureuse trilogie du Québec du Sud. Le trajet jusqu’à Sherbrooke prend justement le temps d’un long-métrage, soit environ 90 minutes à la conquête de l’extrême-sud du Québec. Bienvenue dans la région des Cantons-de-l’Est, également connue sous le nom d’Estrie. Une solide réputation de destination quatre saisons, de villégiature et de tentations gourmandes précède les Cantons. Il faut dire que les paysages de la région sont à croquer, avec des dizaines de villages plus jolis les uns que les autres lovés entre les collines verdoyantes (optez pour la route touristique Le Chemin des Cantons), mais aussi, à l’image du mont Mégantic, des reliefs plus fougueux que l’on admire en empruntant la Route des Sommets, sans négliger la sublime Route des Vins qui fait le lien entre une vingtaine de domaines à même le berceau de la viticulture québécoise. Les Cantons-de-l’Est, c’est tout cela et bien plus encore, comme vous le découvrirez dès votre première étape à Sherbrooke, la capitale régionale, cité universitaire réputée et sixième ville en importance du Québec. C’est pourquoi rien ne vous empêche de prévoir deux nuits dans la région pour profiter au maximum de ses nombreux attraits !
À Sherbrooke, pédaler la ville et ses environs avant de s’offrir une pause micro bien méritée
Ce matin, nous avons rendez-vous au Centre d’information touristique de Sherbrooke avec l’équipe de Carbure Aventure, une compagnie locale qui propose depuis peu des tours guidés à vélo à assistance électrique : demandez « Vélectrik Sherbrooke » ! Toute une variété de circuits thématiques a été imaginée par ces mordus de plein air. Nous avons opté pour la découverte d’une des curiosités de Sherbrooke : ses murales trompe-l’œil qui colorent les murs aux quatre coins du centre-ville. En petit groupe (maximum 6 personnes), nous voilà partis de murale en murale pour 3 heures d’exploration relativement indolores pour les mollets, grâce au coup de pouce de la fée électricité. Ces œuvres de street art plus grandes que nature constituent un excellent moyen de faire connaissance avec la capitale des Cantons-de-l’Est car elles en relatent l’histoire, les personnages marquants d’hier et d’aujourd’hui ou la vie quotidienne des Sherbrookois à travers les époques.
Les connaissances du guide, qui connaît bien sa ville, complètent le tableau. Le temps le permettant, ce dernier nous conduit en direction de l’arrondissement de Lennoxville pour nous présenter d’autres environnements : celui de l’université Bishop’s, un campus anglophone dont les bâtiments semblent tout droit sortis de la saga Harry Potter, ainsi qu’une très agréable portion de la Véloroute gourmande, le long de la rivière Saint-François. Avec ses 235 km reliant Montréal à Sherbrooke par la Route verte et le Sentier Transcanadien, la Véloroute gourmande a récemment reçu les honneurs du New York Times. Les Cantons-de-l’Est sont mêmes l’unique destination canadienne à figurer dans le palmarès des 52 sites mondiaux à visiter en 2023 selon le prestigieux quotidien américain. Ce dernier n’a pas manqué de saluer la beauté des paysages traversés et les quelque 130 attraits gourmand qui ponctuent l’itinéraire cyclable sillonnant les Cantons et la Montérégie – notre prochaine destination. La classe internationale !
En ce qui concerne le réconfort après l’effort, amis cyclistes, vous serez reçus comme des rois (et des « petites reines ») entre les murs de Siboire Dépôt. « LA » microbrasserie du centre-ville de Sherbrooke s’est hissée, depuis son ouverture en 2007, parmi les plus appréciées du paysage brassicole québécois. Entre les grands murs de brique d’un ancien dépôt ferroviaire, la toute première succursale de l’enseigne Siboire affiche à sa carte une douzaine de bières directement sorties de ces grandes cuves se fondant si bien dans le décor industriel, lui-même truffé de clins d’œil au… vélo (des cadres, des fourches, des selles et des guidons jusque dans les toilettes !). À l’instar de son fish & chips ou de ses burgers maison, la microbrasserie vous donnera également du plaisir sous la dent.
Villages de charme, lacs de rêve, grande nature protégée : toute la magie des Cantons-de-l’Est
Notre première nuit estrienne a beau nous attendre à Magog, l’arrêt dans un autre village des Cantons s’impose à 20 minutes seulement au sud de Sherbrooke. Sur la rive nord du lac Massawippi, petite mer intérieure de 15 km2, North Hatley est un bijou de village. Fondé au XIXe siècle par des Loyalistes anglais, il est serti de demeures patrimoniales huppées, d’églises historiques, de boutiques, restaurants, bistros et cafés où faire une très agréable pause en contemplant un paysage lacustre et montagneux de toute beauté.
Les promenades et parcs bordant le plan d’eau invitent à se dégourdir les jambes et profiter encore un peu de cette parenthèse de douceur avant de rejoindre, à une vingtaine de kilomètres vers l’ouest, notre hébergement du jour, l’Hôtel Versō. Magog est lui aussi considéré comme l’un des plus beaux villages des Cantons-de-l’Est, voire du Québec. Il jouit également d’un tête-à-tête privilégié avec un magnifique plan d’eau, plus vaste encore : le lac Memphrémagog s’étire sur 42 km jusqu’à l’État américain du Vermont. Vous aurez le temps de profiter de la vue et du coucher de soleil depuis cet hôtel-boutique de 54 chambres posé à même le rivage. Un panorama d’exception dont vous ne perdrez pas une goutte non plus en soupant sur la terrasse du restaurant du Versō, le Bistro Kóz aux délicieuses influences méditerranéennes… un moment suspendu de dolce vita à la sauce estrienne suivi d’une bonne nuit de sommeil avant de partir à l’assaut d’un autre voisin géant situé à 10 minutes à peine au nord de Magog : l’un des quatre parcs nationaux des Cantons-de-l’Est.
Ce matin, donc, cap sur le parc national du Mont-Orford après votre petit-déjeuner au Bistro Kóz. Encore une fois, on quitte un lac pour en trouver un autre. Ou plutôt l’étang aux Cerises, qui s’étend aux pieds d’un des superbes bâtiments d’accueil et de services du parc national créé en 1938. Ce plan d’eau protégé abrite une flore et une faune foisonnantes qui se laissent idéalement observer lors d’une excursion guidée sur l’eau. On embarque à bord d’un grand canot rabaska avec les guides naturalistes de la Sépaq (Société des établissements de plein air du Québec) pour pagayer aux premières loges du territoire des castors, des grands hérons et des fascinants plongeons huards, ces canards emblématiques dont le chant est semblable au cri du loup, parmi d’autres espèces d’oiseaux à observer sur place. Une balade aussi apaisante qu’éclairante grâce à l’expertise des guides. Vous pouvez facilement envisager toute une journée d’aventures sur le territoire du parc national du Mont-Orford, voire plus si affinités grâce aux hébergements nature développés par la Sépaq. Dominé par le mont Orford (853 m) et le mont Chauve (599 m), cet écrin extralarge compte deux grands lacs (Fraser et Stukley) où se baigner, pratiquer le surf à pagaie, le canot, le kayak, le pédalo ou la chaloupe, sans négliger les 80 km de sentiers dévolus à la randonnée pédestre, les pistes de vélo ou de vélo de montagne, l’escalade sur la paroi du pic aux Corbeaux et les nombreuses opportunités d’observer la faune sauvage, dont les cerfs de Virginie. Et ce n’est que le programme estival ! On vous souffle d’ailleurs une info exclusive : le parc national du Mont-Orford s’est engagé dans un projet d’agrandissement qui doublera à terme sa superficie (actuellement 58 km2). On se promet de revenir dans les prochaines années !
Road-trip au Québec du Sud – Jours 3 et 4 : la Montérégie entre trésors gourmands, immersion historique et charmes balnéaires
À bientôt les Cantons ! Depuis Magog et le parc national du Mont-Orford, on emprunte l’autoroute 10 Ouest en direction de Montréal pour profiter d’un concentré d’attraits à Chambly, moyennant à peine 1 heure de route. La Montérégie, c’est notre troisième perle du Québec du Sud. Une région qui, à portée immédiate de la métropole québécoise, conjugue les plaisirs d’une urbanité douce à ceux de l’évasion au vert. Pour jouer dehors par tous les moyens, vous y trouverez deux parcs nationaux, douze parcs régionaux, pas moins de six monts, à l’image du mont Saint-Hilaire, et deux réserves de la biosphère classées par l’Unesco. Connue entre autres pour son festival Bières et Saveurs qui enflamme le début du mois de septembre, la ville de Chambly est une destination parfaite pour prendre le pouls de la région, à commencer par son visage gourmand des plus avenants…
Remplir son panier à pique-nique (et la carte mémoire de son appareil photo) à la Ferme Guyon avant de mettre le cap sur le Fort-Chambly
En quittant l’autoroute, avant même d’arriver au centre-ville de Chambly, un premier arrêt est tout simplement obligatoire à la Ferme Guyon. D’abord, à moins de prolonger copieusement le séjour, vous n’aurez pas le temps d’aller à la rencontre de toute la panoplie de vergers, de champs, d’érablières, de cidreries, de microbrasseries, de fromageries, boucheries et autres repaires gourmands qui constellent la région. Avec son immense marché fermier, la Ferme Guyon vous offre tous ces beaux produits sur un plateau. Baguenauder entre les rayons est un vrai spectacle pour les yeux, entre les fruits et légumes colorés produits localement, une grande variété de produits du terroir québécois, une Boucherie du Terroir aux étales affriolant et une richissime sélection de bières, de vins et de cidres des régions du Québec du Sud. Escale prisée des familles, la Ferme Guyon abrite également une volière à papillons flanquée de sa « Papillonnerie » où épier les cocons, une ferme pédagogique avec ses animaux dont raffolent les enfants et, grande nouveauté, des volières à oiseaux de proie (démonstrations offertes tout au long de la journée). De quoi se dégourdir les jambes et faire chauffer l’appareil photo pour immortaliser entre autres l’emblème aviaire du Québec, le magnifique harfang des neiges. N’oubliez pas de remplir à ras bord le panier à pique-nique. Direction le Fort-Chambly pour un lunch aux saveurs montérégiennes en bordure de la rivière Richelieu avant de visiter ce fascinant lieu historique national.
Mis en valeur par Parcs Canada, le lieu historique national du Fort-Chambly se signale d’abord par sa position hautement stratégique, aux pieds des rapides de Chambly. Cette forteresse de forme carrée érigée par les Français entre 1709 et 1711 pour protéger la Nouvelle-France des assauts des Anglais et des Iroquois fut un élément essentiel du système de défense de Canada. C’est également l’un des témoins militaires les mieux préservés de l’époque coloniale, avec ses échauguettes, ses embrasures et autres meurtrières qui remplirent leurs fonctions jusqu’aux conflits et rébellions du XIXe siècle, à l’instar de la guerre de 1812 et de la tentative d’invasion américaine. La visite guidée du Fort Chambly revient sur cette histoire tumultueuse tout en délivrant de nombreuses informations sur la vie quotidienne des soldats confinés entre ces hauts murs. Vous suivrez également le fil d’une exposition aussi intéressante que ludique consacrée au thème de la contrebande, qui battait son plein au XVIIIe siècle entre Montréal et Albany, sur fond de commerce des fourrures et d’échanges avec les Premières Nations. Une incursion passionnante dans le passé de la Belle Province !
Jouer et dormir sur l’eau à la marina de Chambly : votre bouquet final au Québec du Sud !
Le chemin n’est vraiment ni compliqué ni long pour rejoindre votre doux nid du jour. Pour preuve, vous pouvez même l’apercevoir depuis le Fort-Chambly, puisque c’est à la marina de Chambly, à quelques centaines de mètres de là, que vous attend l’hébergement le plus original du séjour. Création de VANLIFE MTL, Eau Villa est un concept d’hébergements flottants amarrés aux quais de la marina. Ces chalets tout confort disposent d’une chambre et d’un séjour pourvu d’un divan-lit d’appoint, d’un coin cuisine et d’une salle de bains avec douche et toilette, le tout pouvant accueillir jusqu’à 4 invités. En bonus, vous jouissez à volonté d’un spa extérieur et de deux sublimes terrasses pour prendre l’apéro devant le soleil couchant. Chaque chalet flottant offrant de plus à ses convives l’usufruit de deux paddle boards, l’occasion est trop belle d’aller pagayer un peu sur les eaux du Bassin de Chambly, voire de piquer une tête, surtout quand on ne maîtrise pas à la perfection l’art de la planche à pagaies ! Un moment de pur bonheur balnéaire.
Le centre-ville se trouvant à portée de pas, on vous conseille de jeter votre dévolu sur une des bonnes tables de Chambly pour votre ultime souper au Québec du Sud. De notre côté, on a été séduits de bout en bout par notre expérience à La Cochonne Rit, restaurant à la terrasse conviviale qui ravira les amateurs de viandes vieillies top qualité, de smoked meat ou encore de porc effiloché. Après votre nuit passée sur l’eau sans le moindre remous, et avant de dire au revoir au Québec du Sud, nous avons un dernier bon plan à vous recommander pour le petit-déjeuner. Bordant l’avenue de Bourgogne à Chambly, Le Garde-Manger de François est un petit trésor de boulangerie qui ne se contentera pas vous régaler avec ses pains, son bon café et ses indécents croissants aux amandes, entre autres douceurs. L’adresse de François Pellerin, un passionné de cuisine et de terroir, est aussi le bon endroit pour faire le plein de produits locaux et bio ou de bons petits plats préparés. Comme un symbole, avant de rejoindre Montréal ou Québec, notre road trip estival dans les régions du Québec du Sud se termine comme il a commencé, en éveillant magistralement notre curiosité et notre gourmandise. On vous souhaite tout autant de plaisir sur les routes du Centre-du-Québec, des Cantons-de-l’Est et de la Montérégie.