Sucrerie de la Montagne
On vient à la Sucrerie de la Montagne, implantée à Rigaud, en Montérégie, pour
Se sucrer le bec tout en se nourrissant l’esprit ? Au Québec, alors que l’hiver touche à sa fin, le voyageur peut réaliser un « coup double » rempli de convivialité et de saveurs, mais aussi de sens et d’histoire : vivre le temps des sucres sur fond de culture autochtone, auprès de ces communautés héritières de siècles de traditions autour du fameux érable à sucre. Pour ce faire le temps d’une semaine, un itinéraire de printemps au départ de Montréal est très facile à entreprendre. Suivez le guide !
Les traditions autochtones entourant la récolte de l’eau d’érable remontent à des temps très anciens, bien antérieurs à l’arrivée des Européens. Correspondant à l’équinoxe de printemps, le temps des sucres donne lieu à des célébrations et des cérémonies perpétuées depuis des siècles, voire des millénaires, par différentes Nations autochtones, tels les Mi’kmaq de Gaspésie, les Atikamekw dans Lanaudière, les Anishinaabe, les Hurons-Wendat de Wendake ou encore les Nations Kanien’kehá:ka (Mohawk), comme la communauté de Kahnawake, tout près de Montréal. Source de vie et de renouveau, la coulée de l’eau d’érable est l’occasion de se rassembler, de renouer avec la nature et avec les aïeux. Ce sont d’ailleurs les Premières Nations qui, à l’arrivée des Européens à Gaspé en 1534, firent découvrir à Jacques Cartier et son équipage l’eau d’érable, connue par elles de longue date pour ses vertus pour la santé. On attribue aussi aux peuples autochtones d’avoir eu l’idée de faire bouillir cette mixture énergisante s’écoulant des érables à sucre sous l’effet du gel et du dégel. Il est attesté qu’au XVIIe siècle, des communautés autochtones le faisaient déjà dans les chaudrons en fer apportés par les Français. Le sirop d’érable était né, tout un symbole de la rencontre entre la Vieille Europe et le Nouveau Monde…
C’est pourquoi la tradition de la cabane à sucre au Québec peut être considérée comme un prolongement de ces réjouissances ancestrales annonçant la fin du long hiver. À la fois sacrée dans la culture autochtone et adulée dans la culture populaire québécoise, cette parenthèse sucrée déborde de convivialité et elle n’attend plus que vous !
Preuve que les traditions du temps des sucres sont très enracinées dans l’art de vivre des premiers habitants du territoire, vous trouverez des érablières familiales ou communautaires dans différentes Nations autochtones du Québec, et ce bien au-delà des régions visitées par l’itinéraire de printemps que nous vous présentons aujourd’hui. Certains de ces lieux s’ouvrent au public, organisent des parties de sucre et commercialisent les produits de l’érable confectionnés sur place. Par exemple, en Gaspésie, l’érablière Sigewigus a commencé ses opérations au printemps 2023. Elle propose un sirop d’érable de grande qualité entièrement récolté, produit et transformé sur le Gespe’gewa’gi, le territoire ancestral des Mi’gmaq de Gespeg, de même que du sucre et du beurre d’érable. Certifiés par l’Identification Première Nation – reconnaissable à son logo représentant un ours –, ces produits font honneur à une tradition du temps des sucres très ancienne chez les Mi’gmaq, dont on dit qu’ils eurent l’idée de goûter la sève d’érable, ou sismo’qonapu, en observant les écureuils croquant les branches du fameux snawei, l’érable à sucre. Vous apprendrez aussi que dans les temps anciens, l’évaporation s’effectuait à l’aide de pierres chaudes pour épaissir le précieux nectar placé dans de grandes corbeilles en écorce.
Au départ de Montréal, ce road trip de 6 jours nous conduit dans les trois régions du Québec du Sud où palpitent à la fois les plaisirs printaniers de l’érable et la culture des Premières Nations : la Montérégie, le Centre-du-Québec et les Cantons-de-l’Est. Sans oublier les nombreuses découvertes à faire à Montréal et à Québec, qu’elles soient autochtones ou allochtones. Si le début du printemps est la période idéale pour réaliser ce circuit en raison de l’ambiance qui enflamme les cabanes à sucre et des événements organisés dans certaines communautés, il n’y a littéralement pas de saison pour se faire plaisir : laissez-vous inspirer par les lieux et attraits que nous vous présentons, ils vous enchanteront toute l’année !
Depuis l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal, on atteint notre bel hébergement champêtre et gourmand, l’Auberge des Gallant située à Sainte-Marthe, en Montérégie, en 1 heure de route à peine. Notre premier rendez-vous avec les plaisirs du temps des sucres nous attend à Rigaud, à seulement 10 minutes d’ici : bienvenue à la Sucrerie de la Montagne où vivre un dîner mémorable. Si cette érablière québécoise reçoit les becs sucrés toute l’année, et ce depuis quatre décennies, l’ambiance y est plus festive que jamais au moment de la récolte et de la confection du sirop d’érable. Reconnue site du patrimoine québécois, la Sucrerie de la Montagne propose différentes activités pour nous mettre au parfum de la tradition, dont des tours en charrette dans l’érablière, des visites guidées de la cabane à sucre et de la boulangerie, sans oublier l’incontournable rituel de la tire d’érable sur la neige ! Doux rêves garantis après cette première célébration du temps des sucres dans la plus pure tradition québécoise.
Après un délicieux petit-déjeuner à l’auberge – où du sirop d’érable est bien sûr toujours disponible ! –, direction Montréal pour un tour guidé à pied et en autocar au départ du passionnant Musée Pointe-à-Callière consacré à l’histoire de la métropole québécoise à même le lieu de sa fondation. Notre guide nous fera notamment découvrir les cinq peuples fondateurs de Montréal dont les symboles figurent sur les armoiries de la ville : la fleur de lys pour les Français, la rose pour les Anglais, le trèfle pour les Irlandais, le chardon pour les Écossais et, au centre du drapeau, le pin blanc pour les Nations autochtones. Ce dernier symbole désigne la Confédération Haundenosaunee – ou Confédération Iroquoise – qui réunissait cinq Nations distinctes, les Sénécas, les Cayugas, les Onondagas, les Oneidas et les Kanien’kehá:ka (mohawk). Pour le déjeuner, nous sommes attendus au Renoir, le restaurant du Sofitel Montréal Le Carré Doré. Dans un espace moderne et lumineux, Olivier Perret peaufine ses créations comme des œuvres d’art. On ne s’étonnera pas de retrouver le goût et le parfum de l’arbre à sucre dans notre assiette, puisque le chef fait partie des « Ambassadeurs culinaires de l’érable ».
30 minutes de route suffiront ensuite à atteindre, en Montérégie, la communauté Kanien’kehá:ka (mohawk) de Kahnawake et son riche héritage. Par son histoire ancestrale comme contemporaine, ce peuple iroquoien vivant en milieu urbain est singulier à bien des égards. La communauté des Kanien’keha:ka de Kahnawake forme, avec plus de 10 000 habitants, la deuxième communauté autochtone en importance de la province. Un tour guidé mettra en lumière des éléments de patrimoine et des épisodes historiques souvent méconnus, comme au Mémorial du pont de Québec, dont l’effondrement en 1907 coûta la vie à trente-trois ferronniers de la communauté qui y travaillaient, ou encore ou à la Mission Saint-François-Xavier – Sanctuaire de Sainte Kateri Tekakwitha, du nom d’une jeune femme Kanien’kehá:ka béatifiée par Jean-Paul II en 1980 et canonisée en 2012 par Benoît XVI. Une autre visite incontournable pour appréhender le patrimoine de la communauté est celle du Centre linguistique et culturel Kanien’kehaka Onkwawenna Raotitiohkwa. On y apprend beaucoup sur l’histoire des Kanien’kehá:ka, mais aussi sur l’art et l’artisanat autochtone. La visite de la boutique d’artisanat The Purple Dragon Fly complètera d’ailleurs idéalement le programme de l’après-midi, avant de prendre une bière à la Kahnawake Brewing Compagny (la première microbrasserie appartenant à des Autochtones sur le territoire d’une Première Nation au Canada), puis d’aller dîner à l’excellent restaurant Two O Seven et de dormir au Host Hotel de Kahnawake. Notez qu’en mars, le Maple Food Fest met à l’honneur le temps des sucres et les créations culinaires autour de l’érable à travers toute la communauté.
Ce matin, deux adresses incontournables sont à visiter pour approfondir notre connaissance de la culture et des communautés autochtones du Québec. Outre ses passionnantes collections consacrées à la vie montréalaise d’hier à aujourd’hui, le Musée McCord Stewart nous invite à découvrir l’exposition « Voix autochtones d’aujourd’hui », qui porte un regard captivant et vivant sur les blessures profondes des peuples autochtones et sur leur incroyable résilience. Le centre d’Art Daphne est quant à lui le premier centre d’art de Montréal géré par des artistes autochtones. C’est le lieu idéal pour découvrir le travail d’artistes autochtones contemporains, qu’ils soient émergents ou bien établis comme les quatre fondatrices de cet espace à la fois novateur et convivial, les artistes anishinaabeg et Kanien’kehá:ka (mohawk) Skawennati, Hannah Claus, Nadia Myre et Caroline Monnet.
Après le déjeuner à Montréal, on met le cap sur le mont Saint-Hilaire, à 1 heure de route, pour retrouver la bucolique région de la Montérégie et célébrer l’arrivée du printemps à la Maison des peuples autochtones sous le signe du métissage des cultures. Nichée à l’orée d’une érablière centenaire, reconnue comme un lieu d’importance historique national par la Commission des lieux et monuments historiques du Canada en raison de son rôle dans l’origine des produits de l’érable, la Maison nous invite à explorer les riches traditions autochtones liées à l’arbre à sucre, dont la cuisson de l’eau d’érable sur le feu. Son exposition permanente « De l’eau… à la bouche » aborde entre autres la tradition ancestrale de la récolte de l’eau d’érable par les peuples autochtones à l’équinoxe de printemps.
À 1 heure de route, dans la région Centre-du-Québec, la communauté d’Odanak invite à une escale autochtone des plus éclairantes. C’est ici, au bord de la rivière Saint-François, que la Société d’histoire d’Odanak inaugura en 1965 le tout premier musée autochtone de la province. À travers ses expositions, le Musée des Abénakis nous plonge dans la richesse culturelle de cette Première Nation qui fonda Odanak dans les années 1670. Tandis qu’une projection multimédia relate le mythe de la création du monde dans la tradition abénakise, le parcours de l’exposition « Wôbanaki : peuple du soleil levant » suit le fil des saisons et des lunaisons pour couvrir différents aspects de la culture et du mode de vie de ce peuple millénaire, son impressionnant savoir-faire artisanal, notamment dans la fabrication de canot en écorce, ses techniques traditionnelles de pêche et de chasse ou encore sa fine connaissance du territoire et de ses ressources naturelles, sujet également abordé par l’exposition archéologique à découvrir au rez-de-chaussée, juste à côté de la boutique d’art et d’artisanat.
On reprend la route en direction de la communauté huronne-wendat de Wendake, dans les environs de Québec, et de son fabuleux Hôtel-Musée Premières Nations qu’on atteint en 2 heures environ et où l’on passera la nuit. À l’arrière de ce fier bâtiment joliment intégré à son environnement, la maison longue nationale Ekionkiestha’ nous attend pour une activité « Mythe et légendes » ou une simple visite de ce grand habitat traditionnel témoignant du mode de vie ancestral des Hurons-Wendat. En début de soirée, toujours sur place, le restaurant La Traite offrira un voyage inoubliable à nos papilles, entre produits des grands espaces, traditions autochtones et gastronomie contemporaine. À Wendake, on trouve également le restaurant Sagamité où expérimenter la Yatista (le feu), c’est-à-dire une potence de viandes enflammée, et se régaler de la fameuse tarte à l’érable maison. On partira ensuite vivre le parcours nocturne enchanté Onhwa’ Lumina, une expérience mutimédia immersive en pleine forêt à la rencontre du peuple huron-wendat… Totalement onirique !
Après un bon petit déjeuner au restaurant La Traite et avant de mettre le cap sur le Vieux-Québec, on ne manque pas de visite du Musée Huron-Wendat jouxtant l’hôtel. Ses collections et expositions nous rendront incollables sur l’histoire, la culture et les arts du peuple huron-wendat qui nous a si bien accueillis. Une vingtaine de minutes de route seulement, et nous voilà dans le Vieux-Québec, l’arrondissement historique de la capitale de la province. Une visite guidée de Québec s’impose pour percer les secrets de ce joyau du patrimoine mondial reconnu par l’UNESCO. Le Vieux-Québec offre un concentré de charme et d’histoire qui n’a pas d’équivalent en Amérique du Nord. Ses 400 ans d’histoire, son précieux patrimoine et sa mosaïque d’influences française, anglaise, nord-américaine et autochtone en font un musée vivant à ciel ouvert.
En soirée, on vous recommande l’expérience gastronomique concoctée par le restaurant Le Clan et son chef Stéphane Modat, une cuisine inventive qui célèbre les saveurs des grands espaces, les produits du terroir, de la chasse et de la pêche, y compris le homard récolté à la main par les Innus de la Côte-Nord ! Le lendemain matin, aller prendre le petit-déjeuner au restaurant Sagamité, l’adresse sœur dans le Vieux-Québec de la célèbre table de Wendake, sera parfait pour faire le plein d’énergie et de saveurs autochtones avant une dernière journée de découvertes à Québec ou ailleurs, car le sud de la province ne manque pas d’attraits autochtones. Dans les Cantons-de-l’Est par exemple, l’expérience d’éco-hébergement en nature proposée par Hébergement aux 5 sens, l’ascension de la montagne au parc régional du Mont-Ham avec un parcours de découverte de la culture abénakise, font partie de ces pépites qui méritent le détour avant de se diriger vers l’aéroport international Jean-Lesage et dire au revoir à ce Québec où les produits de l’érable et la culture autochtone nourrissent si bien l’esprit et régalent les cœurs.
On vient à la Sucrerie de la Montagne, implantée à Rigaud, en Montérégie, pour
Quoi de mieux que de partager un repas traditionnel dans une ambiance authentique
Centre-du-Québec, Le Québec du Sud
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