À travers cette nouvelle rubrique « Voyager mieux », Québec Le Mag’ entend vous guider dans la découverte d'un tourisme durable au Québec. Nous vous proposerons régulièrement des articles et des dossiers mettant en valeur les initiatives vertes qui se multiplient en faveur de l'écotourisme au Québec.
Réchauffement climatique, urgence écologique, crise énergétique… tous ces défis et d’autres encore bouleversent la planète tout en questionnant en profondeur nos modes de vie. Dans notre façon de voyager aussi, nous sommes appelés à faire évoluer les comportements vers un tourisme responsable et durable. Au Québec, l’industrie du tourisme a clairement amorcé le grand virage de l’écotourisme. Plus qu’une tendance, ces nouvelles pratiques respectueuses de l’environnement et des communautés locales dessinent le voyage de demain. Pour nous, voyageurs épicurieux lancés à la découverte du Québec et de sa nature grandiose, il est de plus en plus facile de participer activement à ce tourisme plus vertueux, à condition bien sûr de s’informer et de faire les bons choix. Voici quatre conseils de base pour rendre 100 % durable et renouvelable le plaisir de voyager au Québec.
Randonnée au Mont Sainte-Anne dans les environs de Québec – Photo Destination Canada
Pour un tourisme durable au Québec, favoriser les transports moins polluants et les mobilités douces
Si nous ne vous recommandons pas (encore) de traverser l’océan Atlantique en pédalo pour effacer le bilan carbone du voyage, sachez qu’une fois au Québec, pour contribuer à compenser ce dernier, vos choix en matière de transports auront un impact non négligeable. Vous ne jurez que par l’art du road trip ? On vous comprend. Avec ses distances pour le moins généreuses et ses magnifiques routes touristiques, la Belle Province est vraiment taillée pour les grandes odyssées routières. Bonne nouvelle, le tout-thermique n’est plus une fatalité et de plus en plus de véhicules électriques ou hybrides rechargeables sont disponibles à la location. Un road trip de plusieurs milliers de kilomètres en voiture électrique est tout à fait envisageable. Sachant que l’autonomie variera le plus souvent entre 300 et 500 km selon les modèles, il suffira de préparer son itinéraire en tenant compte de cette contrainte et en repérant au préalable les bornes de recharge publiques. Certains planificateurs de voyage en ligne vous y aideront, de même que les applis du circuit électrique d’Hydro-Québec et des réseaux FLO et ChargePoint. Sans compter qu’aux quatre coins de la province, de plus en plus de lieux permettant de recharger sa batterie occasionnent des escales aussi utiles qu’agréables (hébergements, restaurants, sites touristiques…). Quant aux moteurs hybrides, notez qu’ils permettent en moyenne de réduire sa consommation de carburant et donc son impact sur l’environnement d’au moins 30 % et jusqu’à 75 % avec certains modèles.
Selon les cas, le train, l’autobus ou encore le covoiturage sont des options à considérer pour se déplacer en mode éco tourisme au Québec, de même que les réseaux de transports en commun de Montréal et de Québec vous offriront une solution pratique et économique pour explorer les quartiers des deux grandes villes québécoises. Pour en savoir plus sur les spécificités des mobilités au Québec, consultez notre article « Se déplacer au Québec : les options, les contraintes, nos conseils ». Enfin, dans le cadre de vos activités de plein air, le fait de privilégier les moyens de locomotion doux tels que le vélo, le cheval, le kayak de mer, le canot ou encore le traîneau à chiens (sans oublier vos pieds !), aura le double avantage de vous passionner sans nuire à l’environnement. Moins de moteurs, plus de douceur !
Le Train de Charlevoix roule à l’hydrogène vert – Photo : Train de Charlevoix
Pour un tourisme durable au Québec, privilégier les activités de plein air et d’aventure certifiées écoresponsables
De la même manière que pour les modes de transport, opter pour des activités et des prestataires écoresponsables est non seulement possible au Québec, mais l’offre en la matière ne cesse de se développer et de se structurer aux quatre coins de la province. Comptant plus de deux cents organismes estampillés « Écotourisme », le réseau Québec Aventure Plein Air en apporte une preuve éclatante. Les parcs régionaux et les entreprises membres de l’association Aventure Écotourisme Québec qui composent ce vaste réseau d’acteurs de l’aventure et du plein air au Québec s’engagent à respecter des critères très avancés en matière de respect de l’environnement et de durabilité. Chacun comprend qu’il en va de l’avenir de nos terrains de jeux préférés, qu’ils soient la forêt boréale, la flore et la faune sauvage du Québec, les montagnes enneigées, les eaux du Saint-Laurent ou celles des innombrables lacs et rivières du Québec, les falaises du fjord du Saguenay ou même l’air, si l’on songe aux tyroliennes par exemple. Pour inspirer vos prochains voayges d’aventure au Québec, vous pouvez vous référer à notre article « 5 bonnes raisons de choisir Québec Aventure Plein Air pour jouer dehors ». On y présente toute une variété de prestataires qui œuvrent au quotidien pour des pratiques environnementales plus vertueuses et, ce faisant, sensibilisent un public de plus en plus large. Nombre de ces entreprises et organismes vous proposent même d’aller encore plus loin dans la défense de la nature, à travers les programmes auxquelles elles adhèrent (lire plus loin).
StandUp Paddle au Québec avec Eco-Odyssée, Outaouais – Photo Québec Aventure Plein Air
N’oubliez pas non plus le plus vaste et le plus ancien de tous les réseaux œuvrant à la protection de la nature : les parcs nationaux du Québec ! Parce qu’ils ont été créés pour conserver et mettre en valeur le patrimoine naturel de la Belle Province, ces immenses terrains de jeux au grand air sont l’incarnation même de l’écotourisme au Québec. À elle seule, la Sépaq (Société des établissements de plein air du Québec) gère vingt-quatre parcs nationaux sur le territoire québécois, soit près de 7 000 km2 de paysages bichonnés où la biodiversité foisonne. De son côté, Parcs Canada assure la gestion de trois parcs nationaux, respectivement en Mauricie, en Gaspésie et sur la Côte-Nord, en plus de présider, avec la Sépaq, à la destinée d’une aire marine protégée unique au monde, le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, une des meilleures destinations sur la planète pour l’observation des baleines.
Parc national du Bic, Bas-Sain-Laurent – Photo Destination Canada
Pour un tourisme durable au Québec, choisir des destinations, des hébergements et des prestataires qui protègent activement la nature
On ne vous enjoint pas forcément à aller planter vous-mêmes des arbres en pleine forêt boréale. En revanche, on peut vous aiguiller vers les partenaires du programme Carbone boréal qui, lui, s’en chargera ! Développé par l’Université de Québec à Chicoutimi, Carbone boréal permet en effet aux organisations et aux individus de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre par la plantation d’arbres qui capteront le CO2 durant des décennies. Une destination hautement touristique comme la ville de Québec s’est par exemple associée à Carbone boréal pour mettre à votre disposition un outil permettant d’estimer l’empreinte carbone de votre voyage (transports aérien et terrestre, repas, activités, loisirs, hébergements…) et de calculer la compensation financière ad hoc selon le nombre d’arbres à planter. C’est simple et efficace : tout se fait en ligne, y compris le paiement de votre contribution.
Pourvoirie du Lac Blanc, Mauricie – Photo Destination Canada
On vous parlait plus haut des membres certifiés Écotourisme du réseau Québec Aventure Plein Air. Sachez que de plus en plus d’entre eux participent également au Fonds plein air 1 % pour la planète. Autrement dit, ces entreprises pionnières du tourisme durable au Québec s’engagent à consacrer 1 % de leurs ventes à la protection d’écosystèmes et d’espèces animales ou encore à la lutte contre le changement climatique. Une part de ces fonds sert également à accompagner davantage d’entreprises vers des pratiques responsables et durables. Lancé en 2020 en collaboration avec le collectif international 1 % for the Planet, ce fonds a déjà permis de recueillir 400 000 $ pour la protection de la nature au Québec, et d’assurer le soutien de seize projets structurants via le leadership de vingt-huit entreprises participantes. On vous présente cette belle initiative en faveur de l’écotourisme au Québec dans cet article.
Randonnée pédestre dans les Laurentides – Photo Epic Trails Max Stussi
Si le paysage de la défense de l’environnement et du tourisme durable au Québec s’étoffe considérablement, il ne date pas non plus d’hier. Certains organismes comme la Fondation Rivières, qui œuvre à préserver, restaurer et mettre en valeur le caractère naturel des cours d’eau québécois – et vous propose même d’adopter une rivière – ont déjà 20 ans d’expertise dans leur domaine. D’autres initiatives plus récentes d’éco tourisme au Québec se distinguent par leur caractère novateur. C’est le cas du projet Shipeku, qui vise à accompagner des entreprises touristiques autochtones vers la durabilité. Coordonnée par Tourisme Autochtone Québec, cette démarche pilote unique en son genre combine approche scientifique et savoirs traditionnels pour faire avancer la transition durable à travers des actions très concrètes.
Croisières aux baleines Essipit, Côte-Nord – Photo Destination Canada
Enfin, en tant que voyageurs et villégiateurs, certains bons réflexes sont appelés à être systématisés dès la réservation de vos hébergements, en vérifiant notamment où en sont vos futurs hôtes avec le développement durable, les matériaux, l’isolation, le chauffage et la climatisation, la gestion de l’eau, le tri des déchets, les produits d’entretien, etc. Dans ce domaine aussi, l’offre au Québec est en pleine ébullition, avec de plus en plus d’hébergements faisant le choix, y compris dans l’hôtellerie traditionnelle et/ou urbaine, de mettre en pratique les principes du développement durable. À l’image de RéserVert depuis 2007 et de Clé verte depuis 1997, sans oublier la norme ISO 14001, des programmes spécifiques bien installés permettent de s’assurer des « performances » d’un établissement en termes de gestion environnementale, mais aussi de responsabilité sociale.
Hôtel Uniq – Photo Nathalie Beauchamps
Écoresponsables par essence, les hébergements verts en pleine nature – encore souvent appelés inusités ou insolites, voire « expérientiels » – sortent de terre dans toutes les régions du Québec, bien au-delà des limites des parcs nationaux et régionaux qui montrent la voie depuis des décennies, si l’on songe par exemple aux formules de prêt-à-camper conçus par la Sépaq ou par Parcs Canada. Yourtes et tipis, cabanes dans les arbres, sphères suspendues, dômes géodésiques, cabines au design minimaliste, tiny houses… l’imagination n’a pas de limite et, pour ne rien gâcher tout en attirant un public de plus en plus large, le grand confort s’invite volontiers à la fête comme le montre la tendance du « glamping », qui associe la rusticité du camping aux commodités de l’hôtellerie urbaine, le tout en parfaite harmonie avec l’environnement. À travers nos articles et dossiers, nous aurons de nombreuses occasions de vous présenter ces lieux qui réinventent l’art de séjourner au vert.
Hôtel Nomad, Vieux-Québec
Pour un tourisme durable au Québec, consommer local, soutenir le bio, prendre le temps de la rencontre avec le territoire québécois et ses habitants
En d’autres termes : revenir à l’essentiel ! La prise de conscience et la tendance de fond dont on se réjouit aujourd’hui dans le secteur de la villégiature touche naturellement les métiers de bouche. Locavorisme pour réduire l’impact sur l’environnement, circuits courts, économie circulaire, traçabilité, produits du terroir et de saison, progression de l’agriculture biologique… les chefs et leurs fournisseurs, producteurs et transformateurs, sont plus proactifs que jamais pour nous faire manger plus vertueux. Tout le monde est gagnant, du consommateur soucieux de sa santé de la qualité des produits jusqu’à la terre elle-même et aux ressources naturelles. Lancée en 2009 par Exploramer, une initiative comme l’écoguide Fourchette Bleue, programme visant la saine gestion des ressources marines du Saint-Laurent en valorisant des espèces méconnues et sous-exploitées, s’inscrit parfaitement dans cette perspective de développement durable et de protection de la biodiversité. Tout est là pour que les consommateurs fassent les bons choix. Y compris la possibilité de ramasser soi-même ses fruits et légumes à même les champs et les vergers. Tradition familiale bien ancrée au Québec, l’autocueillette marque en effet de plus en plus de points auprès des amateurs d’agrotourisme, de même que les séjours à la ferme, la fréquentation des routes touristiques gourmandes à l’image de la Route des Vins des Cantons-de-l’Est, ou encore la visite des Économusées du Québec, où les artisans à l’œuvre partagent leurs savoir-faire…
Cidrerie Verge Bilodeau, Île d’Orléans – Photo Destination Canada
Toutes ces pratiques en plein essor ont un point commun : un certain éloge de la lenteur, un besoin de revenir aux sources, au vrai, à l’authentique, et par la même occasion à un tourisme québécois non seulement plus durable mais aussi plus humain. Aujourd’hui, le voyageur responsable est avant tout celui qui prend le temps de la rencontre et de l’échange, donnant la prime à la qualité des expériences plutôt qu’à la quantité, à mille lieues de la course effrénée aux attraits qui a longtemps prévalu chez les tour-opérateurs (une frénésie somme toute illusoire s’agissant d’un territoire aussi vaste que le Québec, grand comme trois fois la France !). Au Québec, le regain d’intérêt pour le tourisme autochtone et les séjours au cœur des Premières Nations est un autre signe de cet heureux changement de paradigme. Ici plus qu’ailleurs, le voyageur est invité à changer de braquet pour épouser un rythme autrement plus doux, dans le respect des territoires, de l’environnement, des communautés locales et de leurs cultures en l’occurrence ancestrales, elles-mêmes porteuses de valeurs écoresponsables depuis des millénaires. Et si on s’en inspirait pour voyager au Québec ? À la clé, des expériences qui gagnent en authenticité, en dépaysement et en ressourcement, un véritable enrichissement humain et des souvenirs durables, renouvelables… tout simplement impérissables. Le voyage de demain commence aujourd’hui !
Huron Wendat, région de Québec – Photo Destination Canada